La fin du XIXe siècle, marquée par le progrès scientifique, élargit ses horizons en donnant naissance à de nouveaux courants artistiques et littéraires. Ainsi, Maupassant, figure de proue du naturalisme, publie en 1888 "Pierre et Jean", son quatrième roman. Dans un incipit à la fois déconcertant, voire provocateur pour son époque, authentique et original, l'auteur dessine dans un cadre rappelant les tableaux impressionnistes, le portrait d'une famille petite-bourgeoise du XIXe siècle en pleine partie de pêche, avec une alternance dialogue, récit et description.
Pourquoi peut-on qualifier cet incipit comme un texte authentique et original ? Quelle vision de la société bourgeoise du XIXe siècle nous renvoie l'auteur ? Peut-on établir un lien entre ce roman et l'univers théâtral ?
[...] Les indications spatiales progressives quant à la position des personnages organisent la scène. Les mouvements et actions, la forte précision du détail et l'utilisation du participe présent jetant", "soulevant", "tournant") renforcent l'état statique du tableau. L'incipit se présente au lecteur à la manière d'une scène d'exposition théâtrale. En effet, ce passage du roman rappelle la construction des génériques dans lesquels les personnages apparaissent successivement, sont présentés au public. Cette impression est renforcée par la présence d'un narrateur omniscient, ainsi que l'existence d'un huis clos entre l'auteur et le lecteur. [...]
[...] Madame Rosémilly, quant à elle, n'est mentionnée que deux fois dans l'incipit, par la même désignation, "invitée", ce qui l'exclue totalement du groupe, l'efface. Monsieur Rolland n'hésite pas à lui manquer de respect, en l'insultant presque ne devrait . trop tard"). En effet, il l'accuse dêtre gênante et inutile, ce qui contribue à l'isoler. En "s'excusant", monsieur Rolland creuse encore plus le fossé, puisqu'il ne la nomme en aucun cas, mais l'englobe dans le nom "dames" : madame Rosémilly n'a donc guère d'importance. [...]
[...] Même en essayant de se rattraper, il montre sa maladresse avec des sortes d'excuses ratées ne pense qu'au poisson"). L'auteur l'appelle ironiquement "le vieux pêcheur", ce qui renforce son ridicule, tout comme le fait qu'il sente l'odeur des poissons, nauséabonde. Ces procédés le font apparaître comme un monomaniaque de la pêche. On peut également remarquer que la pêche est relatée poétiquement poisson . l'air mortel", "le flot d'argent des bêtes"), alors que la réalité est moins gracieuse, moins ragoûtante. La passion de monsieur Roland pour la pêche s'accentue ici. [...]
[...] Si cette constitution originale garde une valeur déconcertante pour le lecteur, elle rend également le récit plus naturel et lui donne vie. Ce récit présente également un huis clos entre l'auteur et le lecteur. Le détail de la description permet au lecteur d'imaginer l'action de façon plus réaliste. On peut également constater la présence de nombreux indices sur le dénouement du roman. En effet, les antagonismes entre monsieur et madame Roland, Pierre et Jean, se dessinent dès l'incipit. La dysharmonie du couple, tout comme la rivalité entre les deux frères sont mises en évidence. [...]
[...] "Pierre et Jean", Guy de Maupassant (1888) - étude de l'incipit "Zut! . Pierre obtenait celui de docteur" La fin du 19e siècle, marquée par le progrès scientifique, élargit ses horizons en donnant naissance à de nouveaux courants artistiques et littéraires. Ainsi, Maupassant, figure de proue du naturalisme, publie en 1888 Pierre et Jean, son quatrième roman. Dans un incipit à la fois déconcertant, voire provocateur pour son époque, authentique et original, l'auteur dessine dans un cadre rappelant les tableaux impressionnistes, le portrait d'une famille petite-bourgeoise du 19e siècle en pleine partie de pêche, avec une alternance dialogue, récit et description. [...]
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