En 45 avant Jésus-Christ, Cicéron écrit De finibus bonorum et malorum (Des Termes Extrêmes des Biens et des Maux), œuvre adressée à Brutus, neveu de Caton, dans laquelle il met en question les principes de la philosophie épicurienne. Dans le livre 1, après avoir brièvement expliqué pourquoi il rejetait sa physique, sa logique, et sa morale, le stoïcien nous invite à entendre les arguments de son ami Torquatus, partisan de l'épicurisme. Dans l'extrait que nous avons choisi d'étudier, Torquatus s'intéresse à la sagesse: il explique ainsi que, comme toutes les vertus, la sagesse est un art de vie dont le telos est le plaisir. Il nous invite alors à considérer le plaisir comme le but qu'il faut assigner à la vie. Mais que faut-il entendre par plaisir? Selon la morale épicurienne, il ne s'agit aucunement des plaisirs jouissifs et éphémères de la chair (chère), contrairement à ce que pense l'opinion populaire, mais de la perception de l'élimination de toute douleur.
[...] Elle doit donc minimiser les peines et souffrances, et maximiser les plaisirs. Le souverain bien n'est selon Épicure pas tel ou tel plaisir particulier, mais le bonheur, ou plaisir en général, contrairement à Aristippe qui proposait comme bien suprême le plaisir particulier, la sensation unique, la saveur de l'instant présent. L'ignorance de ce qui est bon ou mauvais, autrement dit, l'ignorance de la morale, est le principal inconvénient de la vie Il faut néanmoins veiller à ne pas confondre la morale épicurienne avec notre morale moderne ou chrétienne. [...]
[...] Dans l'extrait que nous avons choisi d'étudier, Torquatus s'intéresse à la sagesse : il explique ainsi que, comme toutes les vertus, la sagesse est un art de vie dont la telos est le plaisir. Il nous invite alors à considérer le plaisir comme le but qu'il faut assigner à la vie. Mais que faut-il entendre par plaisir ? Selon la morale épicurienne, il ne s'agit aucunement des plaisirs jouissifs et éphémères de la chair (chère), contrairement à ce que pense l'opinion populaire, mais de la perception de l'élimination de toute douleur. [...]
[...] La sagesse épicurienne est par nature modération des désirs, parce qu'elle sait différencier les bons désirs (naturels, conformes à la nature humaine) des mauvais, parce qu'elle nous apprend à cueillir le jour présent (selon la célèbre citation d'Horace) en sachant reconnaître les fruits bons pour la santé humaine et les fruits qui pourrissent son existence, et en sachant se contenter des fruits existants dans son propre jardin, même s'il y en a peu, plutôt que d'envier ceux du voisin. Parce que la sagesse nous permet d'éviter les mauvais désirs et les mauvaises craintes, qu'elle est dévoilement du réel, elle nous conduit donc sûrement - c'est-à-dire, de façon nécessaire, mais aussi vertueuse, tempérée, sage, sans danger majeur vers la volupté en kinêsei, voire en statei. La sagesse permet d'atteindre la santé du corps (par la suppression de la douleur physique et la satisfaction des plaisirs sensuels) ; celle-ci étant la condition nécessaire de la sérénité de l'âme. [...]
[...] L'ignorance de ce qui est bon ou mauvais est le principal inconvénient de la vie ; et comme l'erreur où l'on est là-dessus prive souvent les hommes des plaisirs les plus sensibles, et les livre souvent aussi à des peines inconcevables, il n'y a que la sagesse qui, nous dépouillant de toutes sortes de mauvaises craintes et de mauvais désirs, et nous arrachant le bandeau des fausses opinions, puisse nous conduire sûrement à la volupté. Il n'y a que la sagesse qui bannisse le chagrin de notre esprit, qui nous empêche de nous abandonner à de mauvaises frayeurs, et qui, éteignant en nous par ses préceptes l'ardeur des désirs, puisse nous faire mener une vie tranquille : car les désirs sont insatiables, et non seulement ils perdent les particuliers, mais souvent ils ruinent les familles entières, et même les républiques. [...]
[...] Savoir ce qui est bon ou mauvais à la nature humaine, c'est-à-dire respectivement le plaisir et la douleur, est donc le seul chemin nous menant à la volupté. Autrement dit, la sagesse est le seul moyen de nous faire connaître la nature de nos désirs, par conséquent, des désirs asservissants (cupiditas) ; elle réduit à néant l'incertitude et les mauvaises craintes. La connaissance nous libère des chaînes de l'illusion, elle nous permet de dévoiler d'ôter le voile de - la nature du réel. [...]
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