La philosophie dans le boudoir, un système du toucher sexuel, Sade, Eugénie, apprentissage théorique et pratique du libertinage, corps dans son entièreté
Lorsque l'on pense au toucher, souvent, la première idée qui nous vient à l'esprit est celle d'une main, la nôtre par exemple, touchant une chose, un corps extérieur, un humain ou un objet, entrant en contact avec. Mais le toucher n'est pas que ça. Par exemple, il n'est pas neutre, c'est-à-dire qu'il existe de façon toujours qualifiée. Le contact peut être douloureux (on nous pince ou on nous frappe), agréable (on nous caresse), gênant (on nous titille), hilarant (on nous chatouille). En somme, il y a plusieurs façons de toucher et l'idée d'un toucher simple est une abstraction. Le contact est toujours lié à un effet particulier, un toucher en premier lieu, mais déjà une impression, une sensation ou même encore un but. Le toucher a alors une intensité, une manière d'être qui en fait plus qu'un simple et unique contact, mais un contact singulier, un parmi d'autres.
[...] Zone particulière, sa perforation rime avec le sang, la douleur, la mort. Aussi, à ce moment précis, Eugénie est sous les coups de fouet de Dolmancé. Le fouet est lui aussi un outil, comme le godemiché, mais qui selon l'intensité des coups donnés, ainsi que leur fréquence, fait passer de la douleur au plaisir, mélange les deux, jusqu'à irriter la peau et y imprimer une trace durable. La pudeur est une vieille vertu dont vous devez, avec autant de charmes, savoir vous passer à merveille. (PDB, 30) dit Mme de Saint-Ange. [...]
[...] Mais le toucher n'est pas que ça. Par exemple, il n'est pas neutre, c'est-à- dire qu'il existe de façon toujours qualifiée. Le contact peut être douloureux (on nous pince ou on nous frappe), agréable (on nous caresse), gênant (on nous titille), hilarant (on nous chatouille). En somme, il y a plusieurs façons de toucher et l'idée d'un toucher simple est une abstraction. Le contact est toujours lié à un effet particulier, un toucher en premier lieu, mais déjà une impression, une sensation ou même encore un but. [...]
[...] Si la nature eût voulu que nous cachassions quelques parties de notre corps, elle eût pris ce soin elle-même ; mais elle nous a créés nus : donc elle veut que nous alliions nus, et tout procédé contraire outrage absolument ses lois. (PDB, 115) dit Dolmancé. Pour les libertins, la nudité est un état naturel. La nudité offre à l'œil la vision entière de toutes les surfaces de toucher sensibles, érogènes. L'excitation commence alors par la vue, par la découverte d'un corps qui offre la possibilité de le toucher vraiment, sans intermédiaire ; peau à peau. C'est une ouverture du corps au toucher. 4-Démoralisé et punir le moralisateur Qu'est-ce qui pourrait alors empêcher l'épanchement des plaisirs du corps ? [...]
[...] fais ce que tu voudras à présent, il y est Je ne sens que du plaisir ! (PDB, 153). Comme Eugénie le fait remarquer à Dolmancé en parlant du derrière de Mme de Saint-Ange, vois-tu le trou qu'il te faut perforer (PDB, 129) ; le fait d'enculer est un toucher violent, perforateur ; il ne s'agit pas de creuser un trou, mais de s'y insérer en en bousculant les parois. L'anus est un orifice, c'est-à-dire une surface qui peut s'ouvrir, accueillir en son sein érogène des objets phalliques. [...]
[...] L'idée qui nous intéresse ici est qu'il y a un agrandissement de la surface de tactilité potentielle: on peut toucher plus, être touché plus. 3-Anatomie et dispositifs sexualisés Fonctions et usages débridés Le corps, c'est ce que va découvrir Eugénie à travers une expérience pratique du libertinage, d'une sexualité sans limites et sans tabou. C'est le corps et ses surfaces ou prépondérances érogènes, toute la peau, toutes les zones sensibles. Ainsi Dolmancé fait-il l'inventaire d'une partie d'entre elles : gorge, seins, tétons ; leur usage est d'une grande vertu dans le plaisir ; un amant les a sous les yeux en jouissant ; il les caresse, il les manie, quelques-uns en forment même le siège de la jouissance, et, leur membre se nichant entre les deux monts de Vénus, que la femme serre et comprime sur ce membre [ ] (PDB, 33). [...]
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