Le projet de la Phénoménologie de l'Esprit, écrite par Hegel et parue en 1807, est de rendre compte d'une évolution de la conscience expérimentant une marche progressive, de ses manifestations immédiates et sensibles jusqu'au savoir absolu. En effet, selon le système hégélien, l'esprit doit se faire et se réaliser, tout particulièrement à travers l'expérience de la conscience qui parcourt un long trajet, celui du « doute » et du « désespoir », dans le but d'atteindre le Savoir Absolu. À chaque étape, la conscience qui croit atteindre une vérité, réalise qu'il ne s'agit que d'une certitude : dans chaque figure se produit alors une scission, qui fait apparaître une contradiction. La synthèse des opposés dessine alors la figure suivante. La Religion, d'où est extrait notre passage, constitue la septième figure après la certitude sensible, la perception, la force et l'entendement, la vérité de la certitude de soi-même, la certitude et vérité de la raison, et enfin l'esprit : c'est la dernière étape avant le savoir absolu.
[...] Il fait néanmoins ainsi référence à l'art comme intuition de l'Esprit absolu, comme c'était le cas avant la mort de dieu. C'est dans une seconde partie qu'il va présenter l'art en tant que pur objet esthétique, car c'est précisément dans la mesure où nous ne plions plus le genou devant les statues grecques, dans la mesure où la table des dieux est desservie, et où il faut confesser la dure parole que Dieu même est mort, que nous pouvons considérer ces statues comme des œuvres d'art à part entière. [...]
[...] L'art, qui dans un premier temps est ancré dans un contexte historique, est de ce fait limité. En effet, l'œuvre d'art restreinte à une époque prend tout son sens par le regard vivant qui est posé sur elle. Or, le peuple qui l'a créé a disparu. Le divin se doit alors de quitter l'œuvre d'art pour se confondre avec l'homme, auquel cas l'œuvre d'art ne peut atteindre le second stade de son développement, qui lui donne pour fonction de transmettre le Beau, comme pur objet esthétique. [...]
[...] Mais c'est seulement le premier moment de l'esprit absolu, pour autant que celui-ci s'exprime dans l'œuvre d'art de façon purement sensible, alors que la religion, qui correspond au deuxième moment, dit le divin dans ce mélange de sensible (par le contenu) et de sens (par la forme) qu'est la représentation, et la philosophie, troisième moment, dans le sens pur ou le concept. L'art conserve ainsi une signification comme phénomène de l'Esprit absolu, même quand la vie morale du peuple qui créait cet art a disparu. [...]
[...] Et sa tâche est de constituer l'Esprit vrai, c'est-à-dire l'Esprit conscient de soi-même comme esprit, autrement dit l'Esprit absolu. Enfin, la métaphore du Panthéon il est l'esprit du destin tragique qui rassemble tous ces dieux individuels et ces attributs de la substance dans le Panthéon unique, dans l'esprit conscient de soi en tant qu'esprit signifie ici le passage au monothéisme, puisque tous ces dieux individuels n'ont pas de sens par eux-mêmes, et que l'Esprit absolu est unique. Le Panthéon de l'Esprit absolu est la consécration de l'évidement et du dépérissement des dieux du polythéisme. [...]
[...] L'art peut bien subsister précairement, à titre de distraction ou de jouissance sensible. Mais, désormais, le rôle spirituel qu'il possédait sera assigné à la religion, car l'homme n'a plus besoin de se représenter dans le matériau sensible de la statue, puisqu'il reçoit de l'écrasement des dieux et des hommes la certitude de soi-même Nous passons donc avec la jouissance, au stade de la représentation. Les œuvres spirituelles du passé sont privées de l'esprit créateur qui les a fait naître ; elles ne sont plus que des représentations pour nous. [...]
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