La poésie de Paul Eluard est caractérisée par deux orientations majeures : l'engagement politique, qui s'exprime particulièrement dans l'action résistante durant la Seconde Guerre mondiale, et l'expression amoureuse, qui s'articule à la découverte poétique dans les premiers temps, aux côtés de Gala, puis à la redécouverte d'un sens possible à l'existence, après le décès de sa seconde femme Nutsch, aux côtés de Dominique.
Le recueil "Le Phénix" qu'il publie à cette époque (1951) est entièrement dédié à l'expression des sentiments de paix et d'amour retrouvé, et le poème "Je t'aime" qui y figure est un exemple frappant du lyrisme amoureux dont Eluard peut faire preuve. En trois ensembles de sept vers libres chacun, il adresse à la femme aimée une déclaration d'amour qui prend ses racines dans le vécu du poète.
[...] Le recueil Le Phénix qu'il publie à cette époque (1951) est entièrement dédié à l'expression des sentiments de paix et d'amour retrouvé, et le poème Je t'aime qui y figure est un exemple frappant du lyrisme amoureux dont Eluard peut faire preuve. En trois ensembles de sept vers libres chacun, il adresse à la femme aimée une déclaration d'amour qui prend ses racines dans le vécu du poète. La grande présence des embrayeurs personnels de la première personne du singulier est le premier marqueur de la fonction d'expression du poème : on peut relever quinze occurrences de la première personne sujet, et cinq dans la fonction objet, dont une forme réfléchie, plus un pronom possessif mienne au vers 15 et un adjectif possessif mon au vers 12. [...]
[...] Ainsi, le je t'aime du vers 2 introduit les causales des vers et de même que celui du vers 15 introduit les deux causales des vers 15 et 16, et celui du vers 17 celles des vers 17 et 18, avec cependant une variation : la subordonnée causale du vers 17 est introduite par contre Cette construction entraîne la récurrence de la cadence majeure, l'acmé étant située pour toutes ces formes syntaxiques après le verbe aimer Cette cadence, naturelle au français, donne solidité et harmonie à ces ensembles. La deuxième strophe et les trois derniers vers ne sont cependant pas construits sur ce modèle, et la deuxième strophe présente une variété syntaxique qui tranche sur les deux autres. On a vu que c'est aussi une strophe plus centrée sur le poète et moins sur son amour, cette différence s'exprimant dans les embrayeurs et dans la syntaxe. [...]
[...] L'abolition de l'unité de la phrase par la suppression de la ponctuation a pour pendant la liberté prise au niveau de la versification. Écrit en vers libres, il n'a donc pas de métrique régulière, ni de rimes, bien que des assonances soient respectivement à relever entre les vers 1 et et et et 19. Ne restreignant pas le lexique, la suppression de ces contraintes ouvre un espace de liberté qui permet au poète de rester au plus près de ce qu'il souhaite exprimer, ce qui accroît le caractère lyrique du texte. [...]
[...] Le jeu autour de l'alexandrin a également pour fonction la mise en valeur du je t'aime au premier vers, constitué de quinze syllabes. L'alexandrin qui apparaît à partir de pour met en relief les premières syllabes, accentuant son aspect déclamatoire, et permettant ainsi une lisibilité immédiate encore plus grande du sentiment exprimé. [...]
[...] À l'aspect inaccompli du présent des vingt et un verbes conjugués à ce temps s'oppose l'aspect accompli des six verbes au passé composé. Cette opposition est particulièrement sensible dans les deux premiers vers, qui articulent le présent je t'aime au passé. Les valeurs du présent sont de deux natures : on remarque un présent d'énonciation élargie, qui concerne les verbes aime reflète vois détiens crois es monte suis est (v.15), et un présent gnomique dans les verbes fond effraie oublie est (v.17). Monte peut être analysé comme un itératif. [...]
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