Analyse de la scène 3 de Phèdre de Racine (l'aveu à Oenone)
Scène dans laquelle Phèdre avoue son amour pour Hippolyte
Comment se traduit la difficulté de l'aveu ?
La tirade de Phèdre
[...] A ce nom fatal, je tremble, je frissonne. J'aime . ŒNONE Qui ? PHÈDRE Tu connais ce fils de l'Amazone, Ce prince si longtemps par moi-même opprimé ? ŒNONE Hippolyte ! Grands Dieux ! PHÈDRE C'est toi qui l'as nommé. ŒNONE Juste ciel ! tout mon sang dans mes veines se glace. O désespoir ! ô crime ! ô déplorable race ! [...]
[...] Vaine précautions ! Cruelle destinée ! Par mon époux lui-même à Trézène amenée, J'ai revu l'ennemi que j'avais éloigné : Ma blessure trop vive a aussitôt saigné, Ce n'est plus une ardeur dans mes veines cachée : C'est Vénus tout entière à sa proie attachée. J'ai conçu pour mon crime une juste terreur ; J'ai pris la vie en haine, et ma flamme en horreur. Je voulais en mourant prendre soin de ma gloire;, Et dérober au jour une flamme si noire : Je n'ai pu soutenir tes larmes, tes combats ; Je t'ai tout avoué ; je ne m'en repens pas, Pourvu que de ma mort respectant les approches, Tu ne m'affliges plus par d'injustes reproches, Et que tes vains secours cessent de rappeler Un reste de chaleur tout prêt à s'exhaler. [...]
[...] Et qu'à tout l'avenir Un silence éternel cache ce souvenir. PHÈDRE Ariane, ma sœur ! de quel amour blessée, Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée ! ŒNONE Que faites-vous, Madame ? Et quel mortel ennui Contre tout votre sang vous anime aujourd'hui ? PHÈDRE Puisque Vénus le veut, de ce sang déplorable Je péris la dernière, et la plus misérable. ŒNONE Aimez-vous ? PHÈDRE De l'amour j'ai toutes les fureurs. ŒNONE Pour qui ? PHÈDRE Tu vas ouïr le comble des horreurs. J'aime . [...]
[...] Par des vœux assidus je crus les détourner : Je lui bâtis un temple, et pris soin de l'orner ; De victimes moi-même à toute heure entourée, Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée, D'un incurable amour remèdes impuissants ! En vain sur les autels ma main brûlait l'encens : Quand ma bouche implorait le nom de la Déesse, J'adorais Hippolyte ; et le voyant sans cesse, Même au pied des autels que je faisais fumer, J'offrais tout à ce Dieu que je n'osais nommer. Je l'évitais partout. O comble de misère ! Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père. Contre moi-même enfin j'osai me révolter : J'excitai mon courage à le persécuter. [...]
[...] Séance : la tragédie au XVIIème L'aveu à Oenone (Oenone, la nourrice de Phèdre la presse de lui avouer les raisons de son mal) PHÈDRE Quand tu sauras mon crime, et le sort qui m'accable, Je n'en mourrai pas moins, j'en mourrai plus coupable. ŒNONE Madame, au nom des pleurs que pour vous j'ai versés, Par vos faibles genoux que je tiens embrassés, Délivrez mon esprit de ce funeste doute. PHÈDRE Tu le veux. Lève-toi. ŒNONE Parlez : je vous écoute. PHÈDRE Ciel! que vais-je lui dire ? Et par où commencer ? ŒNONE Par de vaines frayeurs cessez de m'offenser. PHÈDRE O haine de Vénus ! O fatale colère ! Dans quels égarements l'amour jeta ma mère ! [...]
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