Phèdre se laisse mourir
Ensuite dans la seconde partie de cette rêverie intérieure dans laquelle se réfugie Phèdre, on voit une héroïne qui évoque son passé tourmenté. Celle-ci se terre dans l'obscurité « je me cachais au jour, je fuyais la lumière ». Comme son humeur, bilieuse, l'y dispose peut-être elle entretient l'amertume, la rancune « fiel », « larmes » (2), le vers 1245 à travers la figure du chiasme fait se croiser ces deux mots ainsi que « nourrissant » et « abreuvée » qui sont deux réflexes vitaux justement mis à mal par la morne tristesse de l'héroïne (...)
[...] C'est une terrible nouvelle pour Phèdre qui croyait celui-ci insensible à l'amour. Dans ce quasi- monologue de Phèdre, tout juste interrompu par une courte tirade d'Oenone apparaît le désespoir d'une Phèdre qui déjà, tout au long du drame, était en proie à des souffrances qui l'accablaient. L'idée d'un destin heureux des deux amants par rapport à sa vie solitaire et malheureuse suscite en elle une furieuse jalousie qui l'entraînera vers des résolutions cruelles envers sa rivale. I-Une Phèdre souffrante les tourments endurés par Phèdre On a dans ce passage, une évocation des tourments successifs endurés par Phèdre, ceux-ci sont caractérisés par l'hyperbole. [...]
[...] De même lorsqu'elle compare ses souffrances vécues jusqu'alors à un faible essai faible essai des dieux ? Phèdre semble ici être la victime de Vénus, tout comme sa mère Pasiphaé qui s'était éprise d'un taureau. Phèdre éprouve de la honte dans ce qu'elle considère un destin coupable, dans ce passage elle dit se cacher au jour fuir la lumière ce qui annonce le moment prochain où elle s'indignera de soutenir la vue de ce sacré soleil dont (elle est) descendue, en référence au dieu Hélios, le soleil, son illustre aïeul. [...]
[...] Bien que cet amour soit finalement contrarié par l'exil d'Hippolyte, qu'il ne pourra se réaliser vaines amours Phèdre ne peut même supporter l'idée de cet amour partagé, mortelle pensée bonheur qui m'outrage ».Phèdre oriente alors sa fureur atrabilaire vers la rivale abhorrée et poursuit le dessein de réveiller le courroux de son époux envers la descendante de la famille rivale. En effet, les frères d'Aricie ont jadis combattu contre Thésée afin de conquérir le royaume. Aricie état condamnée à ne pouvoir se marier, Thésée s'assurait ainsi que cette famille n'aurait pas de descendants. Dans sa folie solipsiste qui lui fait tout voir selon son propre intérêt, Phèdre qualifie de crime son amour pour Hippolyte, crime qu'il ne s'agit pas de réprimander par des peines légères La pulsion de mort d'abord tournée vers soi est alors tournée vers les autres. [...]
[...] De même, ce trope de répétition caractérise l'emprisonnement de Phèdre. Ce malheur de trop observé est lui le symptôme du repli narcissique de Phèdre qui se sépare des autres dans la contemplation de son malheur. On a ici l'idée d'une Phèdre habitée par la pulsion de mort j'attendais le moment où j'allais expirer On a cependant l'idée d'un plaisir dans la souffrance quand elle associe ces larmes à un funeste plaisir cet oxymore suggère un certain masochisme de Phèdre qui cependant par nécessité de dissimuler sa peine ne peut, dans l'ivresse du désespoir, savourer la volupté des larmes : Et sous un front serein déguisant mes alarmes, Il fallait bien souvent me priver de mes larmes II-La jalousie de Phèdre le parfait bonheur des deux amants les trois vers 1240 à 1243 fluides, harmonieux évoquent le bonheur d'Hippolyte et Aricie soupirs penchants amoureux c'est un bonheur innocent serein qui contraste avec l'existence de Phèdre marquée par la culpabilité et le remord. [...]
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