Racine, "Phédre", Acte V scéne 7 : l'aveu de Phédre à Thésée (dénouement)

Résumé du document

Phèdre de Racine est une oeuvre théâtrale en 5 actes parue au cours de la seconde moitié du XVIIème siècle. Jean Racine est un célèbre poète tragique français, tout comme son aîné Pierre Corneille, considéré comme l'un des plus grands dramaturges classiques de l'époque. Racine est un auteur rattaché au mouvement du classicisme, mouvement qui se caractérise par une écriture et un ton menés avec clarté, naturel et simplicité. De cette façon, Phèdre est une oeuvre qui respecte de nombreux critères et constitue un genre très codifié notamment l'écriture en vers, le cadre spatio-temporel qui se déroule en une journée et se situe dans l'Antiquité ou encore le niveau de langue soutenue. Enfin le rôle de Phèdre repose tout de même sur une ambiguïté. Son auteur la caractérise ni comme véritable coupable ni comme tout à fait innocente dans cette passion illégitime qu'elle éprouve pour son beau-fils. Racine définit ainsi cette passion comme étant une punition des dieux. Le choix revient donc au metteur en scène de préciser comme il le souhaite le caractère de son personnage.

En quoi la forme du récit est-elle au service de la tension tragique ? (...)

Extraits

[...] A travers ces propos, Phèdre s'accuse elle-même de coupable, et porte un jugement négatif sur sa personne : elle est fautive d'un crime. Pour traduire cette impression nous pouvons également identifier le champ lexical du regard, tels que "s'est hâtée à vos yeux de l'accuser elle-même", "je ne vois plus qu'à travers un nuage" et enfin "à mes yeux dérobant la clarté". Ce thème du regard apparaîssait également dans la scène d'exposition et permettait de ce fait de discerner les premières hostilités entre Hippolyte et Phèdre. [...]

[...] Cette tirade devient très vite un requisitoire contre Oenone nous notons "La détestable Oenone a conduit tout le reste. Elle a craint qu'Hippoylte, instruit de ma fureur, Ne découvrît un feu qui lui faisait horreur". Enfin un troisième facteur est mis en jeu, l'amour. Dans un moment de désespoir, Phèdre a sans doute cherché par tous les moyens, la cause de cet égarement. C'est ainsi que l'on trouve à deux reprises le mot "coeur", au vers 1639 "déjà jusqu'à mon coeur le venin parvenu" puis "dans ce coeur expirant jette un froid inconnu". [...]

[...] Si l'on ne peut définir Phèdre ni comme véritable victime ni comme tout à fait coupable, elle reste néanmoins un personnage doté d'audace en effet elle s'est livrée dans un premier temps à sa confidente Oenon malgré des conséquences plus que désastreuses, par la suite à un second aveu, plus effronté à Hippolyte et enfin à un troisième, immorale et désespéré à son époux Thésée. Partagée entre sa passion et sa raison, Phèdre est un personnage ambigu par sa complexité, que même son auteur ne saurait cerner. Mêlant tragique et pathétique, Racine parvient à susciter toute la pitié du spectateur, en conservant toutefois l'image d'un monstre acharné souffrant d'une passion incestueuse. [...]

[...] De cette façon, Phèdre est une oeuvre qui respecte de nombreux critères et constitue un genre très codifié notamment l'écriture en vers, le cadre spatio- temporel qui se déroule en une journée et se situe dans l'Antiquité ou encore le niveau de langue soutenue. Enfin le rôle de Phèdre repose tout de même sur une ambiguité. Son auteur la caractérise ni comme véritable coupable ni comme tout à fait innocente dans cette passion illégitime qu'elle éprouve pour son beau-fils. Racine définit ainsi cette passion comme étant une punition des dieux. Le choix revient donc au metteur en scène de préciser comme il le souhaite le caractère de son personnage. [...]

[...] Phèdre aborde cependant le thème de la mort à plusieurs reprises dans le texte, elle se rapproche peu à peu de sa propre mort avant que son interlocuteur comprenne réellement le poids de ces mots. Phèdre prépare le terrain en évoquant la mort d'Oenone qu'elle qualifie à travers une antithèse de "supplice trop doux". Elle mentionne le suicide qui préfigure ainsi sa mort. La mort est ensuite matéralisée à travers le poison. En effet la famille de Phèdre, victime d'une hérédité familiale semble subir une succession de désastre. [...]