[...] Cette scène présentée sous la forme d'un dialogue constitue l'une des scènes les plus importantes de la pièce. En effet c'est au cours de cette conversation entre Phèdre et sa confidente Oenone, les deux seuls personnages présents de la scène, que Phèdre révèle l'amour qu'elle éprouve pour Hippolyte. En réalité Oenone se trouve être doté d'un rôle clé, d'un rôle moteur puisqu'elle va faire avouer à sa maîtresse son amour et va mettre en route un mécanisme d'éléments tragiques. Phèdre, consciente d'éprouver une passion illégitime, va tenter d'avouer pour la première fois son amour à sa confidente. Seulement cette tâche s'avère être délicate et difficile pour le personnage. Cette difficulté se fait ressentir à travers la vivacité du texte, proche de la stichomythie, dialogue dont chaque réplique ne contient qu'un vers. On peut relever les vers d'Oenone "par de vaines frayeurs cessez de m'offenser." Puis de Phèdre "O haine de Vénus ! O fatale colère ! Dans quels égarements l'amour jeta ma mère !". Oenone dit "Oublions-les, Madame, et qu'à tout l'avenir un silence éternel cache ce souvenir", puis Phèdre "Ariane, ma soeur, de quel amour blessée Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée !" On peut souligner la rapidité des répliques mais aussi la détresse de Phèdre lorsqu'elle se rappelle son hérédité. En effet la mère de Phèdre, tombée follement amoureuse (...)
[...] Dans quels égarements l'amour jeta ma mère les exclamations matérialisent ici une certaine vivacité et la détresse du personnage face à un destin qui le frappe. De plus on relève les points de suspension qui ralentissent la scène, puisqu'ils traduisent un certain silence, symbole de tension mais en plus vont ménager le suspense, le spectateur attend alors l'issue de la situation avec inquiétude. Enfin les répliques d'Oenone rythment également le texte avec des phrases interrogatives très courtes, on peut noter "que faites-vous, Madame "Aimez-vous?", "Pour "Hippolyte? [...]
[...] De cette façon, Phèdre est une œuvre qui respecte de nombreux critères et constitue un genre très codifié notamment l'écriture en vers, le cadre spatio-temporel qui se déroule en une journée et se situe dans l'Antiquité ou encore le niveau de langue soutenue. Enfin le rôle de Phèdre repose tout de même sur une ambigüité. Son auteur la caractérise ni comme véritable coupable ni comme tout à fait innocente dans cette passion illégitime qu'elle éprouve pour son beau-fils. Racine définit ainsi cette passion comme étant une punition des dieux. Le choix revient donc au metteur en scène de préciser comme il le souhaite le caractère de son personnage. En quoi cette scène met-elle en avant la tragédie d'un amour ? [...]
[...] On note également les apostrophes "ô désespoir», "ô crime" "ô déplorable race". Phèdre est qualifiée de coupable, voir de criminelle, d'un crime qu'elle était vouée à commettre. Cette notion de terreur et de monstruosité se retrouve chez Ariane sa sœur elle a aussi souffert d'un mal moral. Cette souffrance n'est pas mentionnée clairement dans le texte mais reste compréhensible. Ariane est un personnage abandonné dans son amour et mis de coté, on peut noter les expressions "de quel amour blessé" puis "vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée!". [...]
[...] Elle est donc engagée par sa destinée, et par la colère des dieux, dans une passion illégitime qu'elle éprouve pour son beau- fils tout en étant consciente de l'atrocité de ses sentiments Après avoir étudié la scène d'aveu puis analysé la représentation de la tragédie dans la scène, nous sommes amenés à conclure que la confusion avec laquelle s'exprime Phèdre montre bien qu'il s'agit plus d'une punition des dieux, plutôt qu'un mouvement de sa volonté. Si l'on ne peut définir Phèdre ni comme véritable victime ni comme tout à fait coupable, elle reste néanmoins un personnage doté d'audace en effet elle se livrera par la suite à un second aveu, plus effronté à Hippolyte et enfin à un troisième, immorale et désespéré à son époux Thésée. [...]
[...] Phèdre se résout alors à désigner Hippolyte par le biais d'une périphrase on relève vers 265 "tu connais ce fils de l'Amazone". Après avoir ralentit tant qu'elle l'a pu cet aveu, Phèdre va avouer d'une manière détournée son amour puisque c'est Oenone qui va prononcer le prénom d'Hippolyte. Ce procédé va instaurer une tension tragique dans le texte. De plus les répliques d'Oenone sont systématiquement répétées par Phèdre, qu'elle qualifie péjorativement, on peut en effet noter "contre tout votre sang vous anime?" Phèdre reprendra "de ce sang déplorable" ou encore "Aimez-vous?" Phèdre réplique alors "De l'amour j'ai toutes les fureurs". [...]
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