Dans Phèdre de Racine, la nouvelle de la fausse mort de Thésée (inventée par Racine) délie les langues. L'acte I de cette pièce met en scène deux aveux symétriques à deux confidents : l'aveu d'Hippolyte à Théramène et l'aveu de Phédre à Oenone. Cette dramaturgie de l'aveu involontaire est le moteur de cette pièce, elle tisse l'intrigue, constitue le point d'impulsion de la machine tragique. Elle se retrouve bien sûr dans l'acte II, qui semble répéter l'acte I. Dans la scène 1, Aricie avoue son amour pour Hippolyte à Ismène. La scène 2 constitue la première déclaration adressée à l'être aimé, ici Hippolyte à Aricie. L'amour d'Hippolyte est donc réciproque, il devient possible. Ainsi, dans le passage étudié V 531-555, la machine tragique semble en suspens et relancée par l'aveu de Phèdre qui s'ensuivra. L'aveu est involontaire, et on y retrouve un vocabulaire galant et une tonalité lyrique.
[...] L'aveu est involontaire, et on y retrouve un vocabulaire galant et une tonalité lyrique. Une progression temporelle structure notre extrait : Au vv. 531-539, Hippolyte décrit sa situation avant de tomber amoureux d'Aricie et le moment où il est frappé d'amour Au vv. 539- 548 : Son état pendant six mois alors qu'il était amoureux, sans le révéler. Au vv. 548- 553 : Constat de la violence de son amour. Au vv. 553-555 : Les sentiments éprouvés au moment de la situation d'énonciation. [...]
[...] On peut dire qu'il observe toujours du bord, mais cette fois-ci, c'est son propre naufrage qu'il contemple. La question oratoire achève de placer Hippolyte sous la domination du Fatum amoureux puisqu'il est en effet ignorant des mécanismes qui le conduisent d'abord à un amour interdit puis à la mort, il se fait le pantin de la machine tragique de l'amour. Par quel trouble. ? Le chiasme aux vers 537- 538 : Un moment a vaincu mon audace imprudente/ Cette âme si superbe est enfin dépendante. [...]
[...] En effet, au vers 1404, il se place sous la protection de la chaste Diane ; et au vers 58-59 Théramène résume la conception de l'amour d'Hippolyte : Pourriez-vous n'être plus ce superbe Hippolyte / Implacable ennemi des amoureuses lois, et d'un joug que Thésée a subi tant de fois ? Les premiers vers de cet extrait reprennent cette idée. Le pronom personnel tonique moi au vers 531 montre qu'Hippolyte centre le discours sur lui-même. En effet, sa tirade amoureuse est saturée par la présence de la première personne, ce qui en fait sa singularité. Cette tirade décrit la naissance de son amour pour Aricie, mais elle est surtout une occasion pour Racine de délivrer le désordre intérieur d'Hippolyte. [...]
[...] On peut alors parler de l'hybris du personnage si on observe, en outre, les constantes hyperboles, références au langage Galant. Il se désigne métonymiquement et conventionnellement par le cœur v 555.L'allitération en aux vers 554-555 vous fait, en m'écoutant, rougir de votre ouvrage/ D'un cœur qui s'offre à vous quel farouche entretien ! donne du rythme à cette phrase qui s'achève par un point d'exclamation, cette phrase a tout d'une déclamation. Il qualifie lui-même son propre discours de farouche cela montre qu'il a un regard extérieur sur sa propre parole, il se met en effet en scène. [...]
[...] Par une ironie tragique, Racine nous dévoile l'issue de cet amour : la mort et la souffrance. II Après nous avoir décrit son état avant d'être frappé par l'amour et le moment où son orgueil a cédé sous le joug de l'amour, Hippolyte décrit les effets d'un tel amour : la souffrance et une tentative de fuite pendant une période de six mois qui correspond à la période où Hippolyte s'est pris d'amour pour Aricie sans jamais le révéler. Deux adjectifs se succèdent au vers 539, mis en valeur par les virgules, qualifiant Hippolyte : honteux, désespéré rendent compte de l'effet produit par l'amour sur Hippolyte. [...]
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