Commentaire composé sur la scène 3 du premier acte de la pièce Phèdre de Jean Racine.
[...] Bien entendu, cette passion taboue entraîne des troubles ; nous nous y intéresserons donc à présent. Avant tout, la tirade de Phèdre, avec ses trente trois répétitions du pronom je est une sorte de monologue durant lequel elle livre ses plus profonds sentiments, comme le laissent à présager les multiples verbes de sensations tel que, entre autre, je sentis »(v.276) ou je respirais (v.297). A partir de cette constatation, nous pouvons à présent analyser le récit que fait Phèdre des différentes dégénérescences dues au coup de foudre. [...]
[...] Elle la "poursuit"(v.278) alors dans l'espoir de lui imposer un destin, comme le prouvent les mots à la rime, "redoutable" (v.277) et "inévitable"(v.278). Pour arriver à ce résultat, Venus prend pour "victimes" (v.281) différents personnages qu'elle contrôle pour en faire des clefs de la fatalité. De la sorte, Oenone apparaît comme la clef déterminante des révélations ; c'est elle qui prononce, au vers 263, le "nom fatal" (v.258) d'Hippolyte. Par cela, elle déclenche la machine infernale qui les conduira toutes deux au trépas. [...]
[...] Par la suite, nous traiterons les conséquences de cette passion sur Phèdre. Nous débuterons donc en mettant en avant dans cette partie la fatalité , caractéristique primordiale du genre qu'est la tragédie, amenant comme premier point l'hérédité qui pèse sur le personnage de Phèdre. Il apparaît d'entrée tout au long de l'extrait une mise en avant très prononcée des liens du sang, comme le prouve la personnification allouée à l'hymen, au vers 270 : " sous les lois de l'hymen", lequel possèderait donc un pouvoir qui sera, par la suite, qualifié de "fatal"(v.300). [...]
[...] On la découvre alors de l'intérieur, et faisons face à son dédoublement de personnalité, ce dernier défini par les mots à la rime : marâtre (v.2943) et idolâtre (v.294) ; elle cherche avec la première à se révolter (v.291) contre la seconde. Toutefois, la tentative est vaine car, à l'image du suffixe dévalorisant commun aux deux mots, Phèdre soigne un mal par un autre mal. Ainsi, elle et Hippolyte se rencontrent lors d'une seule action durant laquelle le but de cette dernière est clair : bannir l'ennemi »(v.293) . [...]
[...] Chez elle, la prédestination serait comme une sorte de marécage duquel elle chercherais à se dépêtrer. Ainsi, on remarque qu'elle mène un combat hardi contre sa passion avec un champ lexical de l'assiduité et la soumission : des vœux assidus (v.279), implorait (v.285), j'offrais tout (v.288), où les verbes sont marqués par un imparfait de continuité. Toutefois, toutes ces actions ne sont que vaines précautions (v.301) car sont toutes annihilées en un seul mot, répété plusieurs fois, tel une marque de fatalité : en vain (v.284) qui se change par la suite en vaines (v.301). [...]
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