Après l'acte des confidences (acte I) et celui des aveux (acte II), l'acte III s'ouvre sur une scène surprenante où l'on voit Phèdre résolue désormais à ne plus lutter contre sa passion, mais à s'y abandonner en s'offrant la tentation d'espérer, de croire à un bonheur possible. Dans une tirade adressée à Oenone, elle use d'un langage nouveau pour signifier avec ardeur son goût retrouvé pour la vie et sa volonté soudaine de séduction.
Les vers 790 à 812 sont ainsi marqués par l'élan qui anime Phèdre et la pousse, femme désirante, à mettre tout en oeuvre pour conquérir Hippolyte ; Phèdre rêve également à ce que sera la douceur de se soumettre à celui qu'elle aime... Métamorphosée, Phèdre ne se présente plus comme la victime d'un sort injuste. Régénérée par l'espoir, elle trouve un langage ouvert sur l'avenir.
[...] "Phèdre", Jean Racine (1677) - acte III, scène étude des vers 790 à 812 Après l'acte des confidences et celui des aveux l'acte III s'ouvre sur une scène surprenante où l'on voit Phèdre résolue désormais à ne plus lutter contre sa passion mais à s'y abandonner en s'offrant la tentation d'espérer, de croire à un bonheur possible . Dans une tirade adressée à Oenone, elle use d'un langage nouveau pour signifier avec ardeur son goût retrouvé pour la vie et sa volonté soudaine de séduction. [...]
[...] En couronnant Hippolyte, Phèdre pourrait approcher ses mains du "front" du jeune homme. Notons la réunion significative des deux termes par la rime, "diadème" et "moi-même", dans les vers 801 802: "Qu'il mette sur son front le sacré diadème; Je ne veux que l'honneur de l'attacher moi-même." En effet Phèdre veut, par amour, faire la grandeur de son héros en lui accordant le plus beau des dons, celui de la plus rayonnante des villes, en lui consentant le sacrifice d'un pouvoir qui lui revient à elle: "Cédons- lui ce pouvoir . [...]
[...] Abdiquer Contente de sa soumission, Phèdre accepte d'en appeler à la pitié. Elle reconnaît sa totale dépendance affective dans "pour le fléchir" (prière, demande de faveur). Elle passe même à la supplication: "Presse pleure, gémis" (humiliation, perte de la dignité), et elle se dépeint pitoyable: "Phèdre mourante". Elle a renoncé à son orgueil de reine, elle abdique toute la conduite de son existence, avec une impatience haletante dans le rythme de ce vers déjà cité: "Presse, pleure, gémis; plains-lui Phèdre mourante." (809) Le recours à l'impératif marque ici moins l'autorité que la hâte frénétique de celle qui va mourir si on ne l'aime pas. [...]
[...] La mélodie des vers s'ajoute à la lumière des mots, vers caressants et imagés, à la construction symétrique: "Dejà de ses vaisseaux la pointe était tournée, Et la voile flottait aux vents abandonnée." (797 798) Ces vers très doux glissent sur les y et les 1. Phèdre, qui a tout observé de celui qu'elle aime, trouve des paroles mélodieuses dès qu'elle parle de lui. C'est aussi à travers la mélodie qu'on peut percevoir l'émotion de Phèdre. L'émotion de Phèdre L'émoi en question est celui de l'amour et du désir. [...]
[...] Ne rougis point de prendre une voix suppliante." De même, Phèdre, dans l'ardeur de son désir de s'attacher Hippolyte et sa hâte de goûter ce bonheur, s'exprime au futur, en particulier aux vers 804 et 805. Le temps qu'elle emploie projette Phèdre dans l'avenir, mais, par le mode indicatif, on voit que cet avenir appartient à la réalité: le projet de conquête d'Hippolyte est réalisable . Ce langage signale un capital de vitalité soudainement libéré et mis au service du désir de Phèdre: ce qu'elle veut (802: "Je ne veux que . [...]
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