Commentaire composé des neuf premiers quatrains du poème Les Petites Vieilles extrait de l'oeuvre Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire. Il comprend une introduction, un développement et une conclusion entièrement rédigés.
[...] Ces verbes de mouvement évoquent la marche continuelle de ces personnes qu'il espionne. Elles marchent sans cesse comme si elles fuyaient cette réalité, cette ville dans laquelle elles semblent ne pas avoir de place quoiqu'elles fassent, elles sont des victimes du temps qui passe mais aussi des conditions climatiques. L'adverbe de temps jadis au vers 5 explicite qu'elles étaient des femmes et qu'elles ne le sont plus,sous- entendant ainsi l'effet dévastateur du temps sur ces femmes et évoquant la vieillesse. [...]
[...] Le pronom personnel je au vers 3 et au vers 25 atteste cette position. En tant que sujet, ce je est toujours suivi d'un verbe se rapportant à la vision, ainsi au vers 3 nous trouvons je guette et au vers 25 j'entrevois Cette vision est limitée même s'il est au premier plan, comme s'il regardait que d'un seul œil, comme s'il regardait sans lui-même vouloir être vu. Cette confrontation visuelle entre le poète et les petites vieilles est de l'ordre donc du voyeurisme. Mais le poète ne fait pas que témoigner. [...]
[...] Cependant nous avons tout de même bien un poème dont les rimes croisée forment des échos sonores rapprochées et dont les quatrains ne forment pas un système clos sur lui-même. En réalité la poésie s'ouvre devant de nouveaux horizons. Le poète ne fuit pas la poésie mais il suit du regard des êtres de fuite. Nombreuses sont les femmes qui ont inspiré Charles Baudelaire mais ici tout est différent. Il ne connaît pas ces femmes mais il tente de reconnaître ce qui fait d'elle des êtres singuliers »(vers 4). Si il y a une action ici, elle est orchestrée par ces petites vieilles. [...]
[...] Dans ces quatrains, les indices de la modernité martèlent les vers. L'originalité de Baudelaire réside dans le fait de ne pas voiler par des figures de style par des ornements de la langue, le mal mais de le montrer tel quel. Le lexique fort tel que horreur au vers cercueils au vers 21, La Mort au vers 23 sont des substantifs très rarement utilisés dans la poésie, dans la littérature pour leur connotation négative pour leur rapport à, justement, l'horreur de la vie. Mais Baudelaire ne s'en prive pas. [...]
[...] Baudelaire n'utilise pas il est vrai d‘euphémisme mais son écriture imagée colore différemment cette réalité répulsive. Baudelaire refuse en effet l'art traditionnel où le beau se trouve défini par son éloignement de la réalité. Il pense que dans la laideur même se logent des mystères de la vie. S'il peut changer l'horreur en enchantement c'est par l'utilisation d'images fortes sensées sensibiliser l'opinion publique. Les corps de ces femmes sont désarticulés comme si ils ne leur appartenaient plus, comme si elles ne les contrôlaient plus. L'image de la marionnette est alors omniprésente dans ces quatrains. [...]
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