Commentaire stylistique de la scène 7 de l'acte III d'Andromaque de Racine. Cette tirade de Pyrrhus cristallise l'alternative à laquelle la veuve d'Hector est sommée de répondre. Ce choix est un véritable dilemme. Pyrrhus tente d'emporter la victoire sur Andromaque rejetant sur elle toute la responsabilité d'un choix tragique.
[...] Nous étudierons donc la stylistique de la persuasion qui caractérise Pyrrhus. Afin de persuader Andromaque d'agir selon sa volonté, Pyrrhus use tour à tour de la crainte, de la prière et, en désespoir de cause, de la menace. La crainte et l'incertitude : Il ne s'agit pas, dans un premier temps, de faire éprouver de la crainte à Andromaque, mais de témoigner devant elle d'une crainte consécutive à une manière d'agir qui, au lieu de servir Pyrrhus, l'affaiblit. Ainsi, sentiments et actions sont immédiatement placés sous le signe de l'antonymie, comme en témoigne l'oxymore du vers 3 : Je ne fais contre moi que vous donner des armes Or, déjà, contre Pyrrhus, Andromaque l'est inévita blement de par son histoire. [...]
[...] ANDROMAQUE de Racine, commentaire stylistique de la scène 7 de l'acte III. Scène 7 de l'acte III, cette tirade de Pyrrhus ne laisse place à aucune possibilité de réponse immédiate de la part d'Andromaque. Elle cristallise l'alternative à laquelle la veuve d'Hector est maintenant sommée de répondre. Or, ce choix est un véritable dilemme : sau ver son fils en acceptant la main du meurtrier de son époux, ou bien, en refusant ce mariage, signer l'arrêt de mort du fils d'Hector. [...]
[...] Andromaque vous néan moins le sujet est forcé donc présenté comme passif. Cette responsabilité que le roi re jette sur sa prisonnière est soulignée par l'expression insistante vous-même Au vers 956, la prière s'appuie sur la présence d'Astyanax ( Au nom de votre fils enjeu, source de chantage, mais présenté ici par Pyrrhus comme un lien affectif puissant entre lui et Andromaque : Pyrrhus semble sous-entendre qu'il aime aussi Astyanax, et que sa perte serait pour lui un sacrifice. Ce lien que constitue le fils d'Andromaque est également exprimé par la réunion du je et du vous : le nous de cessons de nous haïr Tandis que la prière s'exacerbe au vers 957 avec le terme enfin traduisant une sorte d'aboutissement par épuisement des arguments, l'argument final étant mis en relief par le présen tatif c'est et le pronom tonique moi Dès lors, le caractère englobant du Nous est détruit au profit de la dualité moi / vous des deux opposants pour donner toute sa force à l'argument : c'est le bourreau qui demande le salut de sa victime. [...]
[...] Tandis que le vers 952 : Mais, Madame, du moins, tournez vers moi les yeux avec l'emploi du mais oppositif et de du moins locution restrictive, exprime le désir d'ob tenir la concession d'un regard, concession appuyée par l'impératif cherchant à convaincre, à forcer la décision d'Andromaque. La prière : La prière elle-même se fait pressante, la supplication impérative, procédant de cette même structure antonymique qui nous présente un bourreau-victime (Pyrrhus) et un amour qui tue (Andromaque devant décider du sort de son fils). Le ton de la prière met l'accent sur trois mots essentiels : pourquoi me forcez-vous vous trahir (v. 955). L'interrogatif introduit cependant une phrase interrogative qui n'attend pas de réponse de la part d'An dromaque, parce qu'elle n'en permet pas. [...]
[...] Crainte, prière, menace sont tour à tour les trois procédés dont Pyrrhus usera afin de persuader Andromaque d'accéder à son désir. Ces trois moyens témoignent de l'aveuglement du héros racinien que la passion embrase ainsi que de l'échec prémonitoire des projets tissés sous son l'empire . Ils sont également révélateur de la cruauté de Pyrrhus, une cruauté sans bornes dont le surgissement induit la confusion de sentiments si opposés, et si proches à la fois, que sont la haine et l'amour. [...]
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