Concetta est, avec Angélique, l'une des deux héroïnes du Guépard. Elles ont à peu près le même âge (Angélique a dix-sept ans en 1860) et sont rivales. Tancrède est le seul amour de Concetta, amour déçu, tragique, qui va provoquer la jalousie de la jeune fille, son ironie amère, et qui ne cessera de hanter son existence.
À cet amour tragique s'oppose l'amour de jeunesse du comte de Cavriaghi pour Concetta, dont il vit l'échec avec humour. Concette, héroïne d'un chassé-croisé amoureux (elle aime sans être aimée, elle est aimée sans aimer) est aussi, à la fin du roman, la conscience douloureuse des sœurs Salina. En 1910, elle nous permet de mesurer le déclin d'une grande famille de l'aristocratie sicilienne.
[...] Un dernier prestige s'efface le 14 mai 1910: le cardinal de Palerme fait subir aux sœurs Salina un contrôle humiliant des reliques que Caroline et Catherine ont naïvement accumulées dans l'oratoire. La réputation dont bénéficiait la famille Salina auprès de l'Eglise, et aussi de l'opinion publique, est écornée. Le dernier chapitre montre enfin que Concetta a passé l'essentiel de sa vie submergée par des souvenirs douloureux. Les quatre caisses vertes de sa chambre contiennent un trousseau préparé cinquante ans plus tôt, et jamais utilisé. Un autre élément relie Concetta à son amour malheureux pour Tancrède: Bendico empaillé, rongé de mites, qu'elle s'obstine à garder dans sa chambre. [...]
[...] Le personnage de Concetta dans "Le Guépard" de Lampedusa Concetta est, avec Angélique, l'une des deux héroïnes du Guépard. Elles ont à peu près le même âge (Angélique a dix-sept ans en 1860) et sont rivales. Tancrède est le seul amour de Concetta, amour déçu, tragique, qui va provoquer la jalousie de la jeune fille, son ironie amère, et qui ne cessera de hanter son existence. A cet amour tragique s'oppose l'amour de jeunesse du comte de Cavriaghi pour Concetta, dont il vit l'échec avec humour. [...]
[...] Cette intrusion inattendue d'Angélique dans la vie de Tancrède et de Concetta va bouleverser leurs relations. Angélique en effet n'est plus l'adolescente disgracieuse que la princesse Salina a connue quelques années auparavant, elle est désormais sûre de sa beauté, elle éblouit toute l'assistance. Immédiatement Tancrède est sous le charme, et le climat de sensualité va crescendo au cours de la soirée. Cette sensualité atteint son sommet lorsque Tancrède invente l'assaut du couvent de l'Origlione, où des religieuses trop âgées, s'attendant à être agressées, sont dédaignées par Tancrède et ses compagnons d'armes. [...]
[...] Concetta ne pardonnera jamais à son père d'avoir causé son malheur. Elle sera ainsi la seule des enfants à ne pas pleurer lors de l'agonie du Prince (p. 229). Sa vie durant, elle aura passé des heures de solitude, devant le portrait de son père, dans la délectation savoureuse de la haine (p. 247). Concetta et Cavriaghi: l'impossible second amour Un autre amour aurait pu sauver Concetta de la solitude: l'amour du comte de Cavriaghi, le compagnon d'armes de Tancrède. [...]
[...] Dernière illusion rétrospective que Lampedusa s'empresse de détruire. Concetta rompt alors le dernier lien qui l'unissait à son cousin, en demandant qu'on jette Bendico, le chien préféré de Tancrède. Concetta est la seule héroïne tragique du Guépard. Là sont son intérêt, sa raison d'être romanesque. Le premier dîner à Donnafugata fait basculer sa vie: Tancrède lui échappe, elle restera toute son existence dans le ressentiment et la douleur de ce moment crucial. Passive et passionnelle, Concetta est à l'image de la Sicile: en éconduisant Cavriaghi, elle refuse un homme de l'extérieur. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture