Marjane Satrapi, Persepolis, la lettre, Révolution iranienne, histoire d'amour, Commentaire d'oeuvre, écriture, oeuvre, littérature
« Dans la bande dessinée, dit Marjane Satrapi, contrairement à l'illustration, les dessins font partie de l'écriture. Ils ne viennent pas accompagner un texte déjà existant, les deux fonctionnent ensemble ». C'est ainsi que le graphisme en noir et blanc de Persépolis nous apparaît comme un contraste esthétique, en effet les dessins ne peuvent pas prendre le pas sur l'écriture. Dans ce cinquième chapitre, cette écriture rend compte d'une autre écriture, celle de « la lettre ». Le chapitre 5 de cette autobiographie graphique relate en six planches la prise de conscience de la petite fille de dix ans qu'est Marjane devant la division entre les classes sociales, car c'est bien le climat économique, social et politique de l'Iran dont l'auteur veut témoigner dans Persépolis.
[...] L'auteur souligne ici toute l'absurdité de cette notion de « classe sociale », et elle se révolte contre ce concept selon lequel la naissance détermine à vie une position que l'on n'a pas choisie. De par ses opinions politiques, le père de Marjane a à cœur de manifester contre le Shah, cependant il reste complaisant face à cette distinction de couches sociales, ce que sa fille dénonce comme hypocrite. Alors que Marjane a compris que les différences de classes sociales sont à la source de la révolution, elle décide de sortir le lendemain pour manifester dans les rues, sans l'accord de ses parents : « Demain nous allons manifester. [...]
[...] Elle déclare alors : « La raison de ma honte et de la révolution est la même : la différence entre les classes sociales ». Plus Marjane se cultive par la lecture, plus elle prend conscience du monde qui l'entoure et de la souffrance des autres. Les histoires d'enfants pauvres et démunis l'aident à comprendre que son statut économique est différent de celui des autres. En effet son sentiment de mal-être dans la cadillac de son père se fait plus clair : « Je compris enfin pourquoi j'avais honte de siéger dans la cadillac de mon père ». [...]
[...] Trois exemples sont donnés : celui de Reza porteur à l'âge de dix ans, Leila qui a commencé à tisser des tapis à cinq ans et celui d'Hassan nettoyeur de pare-brise à l'âge de trois ans. Les trois vignettes se trouvent sur la même bande et donnent trois métiers différents que peuvent occuper des enfants, du plus âgé au plus jeune. En effet, dès le premier exemple, l'attention du lecteur se porte sur l'âge de l'enfant, mais il se rend compte avec effarement qu'un enfant peut être forcé de travailler encore plus jeune. [...]
[...] Car elle n'a jamais vraiment perçu Mehri comme une subordonnée. Elle qui avait seulement dix ans lorsque Marjane est née, elle s'est occupée d'elle depuis sa naissance étant plus considérée comme une amie et une complice que comme une employée : « Elle jouait avec moi et finissait toujours ma nourriture. » (planche 38). Elevée de manière moderne par des parents de gauche, cette petite fille est vite consciente des discussions sérieuses de ses parents concernant le prolétariat et la classe ouvrière. [...]
[...] C'est encore la notion d'obligation qui est présente avec « Tu dois » dans les coutumes à suivre et c'est cela qui provoque l'indignation de la petite fille. Marjane ne peut accepter que ce soit la naissance qui détermine la classe sociale. Cet épisode devient représentatif pour l'enfant de l'impossibilité de combler le fossé entre les classes sociales en Iran. Bien que Marjane et Mehri soient proches et passent beaucoup de temps ensemble, elles ne peuvent modifier le fonctionnement de la société iranienne. [...]
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