On peut d'abord noter que ce dénouement repose sur un registre pathétique dans la mesure où nous assistons en direct à la mort de Bartlebooth, le personnage central du roman : elle est évoquée explicitement dans ce dernier paragraphe avec "Bartlebooth vient de mourir" et ensuite il est désigné uniquement par la périphrase "la mort", comme s'il n'avait déjà plus d'identité.
Dans ce paragraphe, Perec utilise également deux éléments à dimension symbolique à associer à la mort :
- L'heure du décès est enregistrée de manière précise : "il va être huit heures du soir": le jour qui se couche, qui meurt est à mettre en parallèle avec la mort du personnage.
- L'expression "trou noir" a, elle aussi, des connotations funères (...)
[...] Une dernière fois, Perec s'amuse donc avec le lecteur. Mais il faut constater que ce dénouement propose principalement une longue description ce qui, en général, ne passionne guère les lecteurs. Pourquoi alors Perec se livre-t-il à ce long passage descriptif à priori sans intérêt ? II. Des descriptions à valeurs symboliques: Un texte doublement descriptif: En fait, si l'on examine bien cet extrait, ce n'est pas une mais deux descriptions qu'il nous propose: - les deux premiers paragraphes nous proposent une description du bureau de B avec son mobilier caractéristique: des étagères un éclairage puissant avec le scialytique et une grande table carrée qui fait office de bureau. [...]
[...] Enfin, le seul élément de décoration du ce bureau semble aussi lié à la mort: Perec utilise une comparaison comme pour nous présenter la marionnette indienne qui décore le bureau de B et la compare à un gardien énigmatique et presque inquiétant cela fait nettement penser à un dieu gardien des Enfers, du genre Yama le roi des morts chez les Indiens si l'on se réfère à l'origine de la marionnette) qui guette B avec ses yeux effilés On peut aussi risquer que W est un M inversé, initiale de la mort. Avant d'être mort, b est déjà mort en quelque sorte dans son bureau qui ressemble étrangement à un cercueil. [...]
[...] On peut alors se souvenir du nombre impressionnant de personnages figurant dans ce roman dont la vie est détruite, horrible: à titre d'exemples, on peut se souvenir des personnages détruits figurant dans ce roman, c'est à dire ceux qui sont mutilés: il y a Morellet qui perd trois doigts dans l'explosion d'une cocotte minute, il y a Olivier Gratiolet qui perd une jambe en sautant sur une mine pendant la guerre d'Algérie; il y a deux manchots, Bernard Lehameau et son ami Augustus B. Clifford, photographiés devant le monument aux morts de Beyrouth tous les deux avec leur manche droite flottante il y a dans la cave du docteur Dinteville, un squelette surnommé Horatio, en hommage à l'amiral Nelson, car il lui manquait le bras droit. Il continue à être affublé d'un bandeau à l'oeil droit . Que d'exemples. [...]
[...] Et maintenant nous comprenons pourquoi Perec ne pouvait pas commencer son roman par la description de cette pièce: parce que comme dans un labyrinthe, nous n'accédons qu'à la fin d'un long parcours sinueux au centre de l'édifice. Dans l'aquarelle / puzzle de au centre des ruines, il y a les vestiges d'une acropole vaste et somptueuse une esplanade insoupçonnable ( ) dissimulé exprès c'est là où nous sommes arrivés en tant que lecteurs en lisant ce chapitre ! Nous sommes au centre de l'œuvre enfin, dans la pièce centrale du labyrinthe qu'est La Vie mode d'emploi. [...]
[...] Dans ce paragraphe, Perec utilise également deux éléments à dimension symbolique à associer à la mort: l'heure du décès est enregistrée de manière précise: il va être huit heures du soir le jour qui se couche, qui meurt est à mettre en parallèle avec la mort du personnage. L'expression trou noir elle aussi, des connotations funères. Un projet inabouti: Néanmoins, ce dénouement est doublement pathétique car la mort de Bartlebooth correspond à la non-réalisation du projet de B. D'une part, on voit que le puzzle commencé par B reste inachevé: il y a une seule pièce non encore posée alors que B tient entre ses doigts la dernière pièce manquante. [...]
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