Le père Goriot, Balzac, réalisme, tragédie, bourgeoise, sentiments, agonie
Honoré de Balzac (1799-1850) baptise son cycle d'écriture la Comédie humaine. En plus de quatre-vingts romans ou nouvelles, l'auteur entend dépeindre la société bourgeoise qui supplante la noblesse, et « concurrencer l'état civil ». Il est le chef de file du réalisme, mouvement qui se lit dans cet extrait du Père Goriot (1835).
Dans ce roman, outre l'ascension du jeune arriviste Eugène Rastignac, Balzac narre la vie sacrificielle d'un père pour ses deux filles. Lorsque Anastasie, endettée, vend la bijouterie, cela accable le vieil homme et lui cause une attaque. Lors de ce dialogue, le père Goriot exprime son désespoir de vouloir voir ses filles.
[...] La souffrance du vieil homme est décrite comme si elle avait été vécue, dans la réalité. Le lecteur ressent, en même temps que le vieil homme, ce sentiment d'abandon : « Voilà ma récompense, l'abandon ». C'est l'accumulation des phrases exclamatives, jussives mais aussi des questions rhétoriques qui rendent la scène quasi-réelle à 24). Les présentatifs « voilà » mettent réellement devant les yeux du lecteur la situation du vieillard : le lecteur devient ainsi spectateur de l'agonie de cet homme. Enfin, cette agonie procède, selon le vieillard, d'un meurtre. [...]
[...] Ainsi, la dernière phrase surprend par son effet de chute (n'oublions pas que Balzac écrivait également des nouvelles). Après avoir menacé puis diffamé ses filles, en un retournement de situation, le père Goriot les réhabilite : « Vous savez bien que je les aime, je les adore ». Cette contradiction est accentuée par l'adjectif qualificatif « stupéfait » et par la question qui annule d'un seul coup toute la haine qui précède : « Qui est-ce qui vous a dit cela ? [...]
[...] Le polyptote insiste sur cette démesure du personnage. Cette menace espère même une vendetta (« leurs enfants me vengeront ») car le vieil homme souhaite que ses filles subissent le même sort que lui comme l'indique le futur. Il demande même à Eugène de colporter cette menace : « Mais c'est dans leur intérêt de venir ici. Prévenez-les donc qu'elles compromettent leur agonie ». En donnant cet ordre à son ami, le père Goriot veut faire un chantage à ses filles. [...]
[...] Dès lors, le père Goriot se meurt en une agonie qui lui fait ressentir des sentiments de souffrance morale extrême, bien plus que physique. Le vieillard va mourir en personnage tragique, abandonné de ses filles, châtié de la vie sacrificielle qu'il leur a consacrée. Conclusion Finalement, Delphine ne vient pas voir son père et Anastasie arrive trop tard. Elles ne se rendront même pas à son enterrement. L'agonie de ce vieillard fait de lui un personnage tragique qui meurt dans des souffrances morales qui lui font perdre jusqu'à la raison en une scène où se côtoient réalisme et tragique. [...]
[...] Le père Goriot, pages 347 à 349 - Honoré de Balzac (1835) - En quoi cette scène d'agonie oscille-t-elle entre réalisme et tragique ? Honoré de Balzac (1799-1850) baptise son cycle d'écriture la Comédie humaine. En plus de quatre-vingts romans ou nouvelles, l'auteur entend dépeindre la société bourgeoise qui supplante la noblesse, et « concurrencer l'état civil ». Il est le chef de fil du réalisme, mouvement qui se lit dans cet extrait du Père Goriot (1835). Dans ce roman, outre l'ascension du jeune arriviste Eugène Rastignac, Balzac y narre la vie sacrificielle d'un père pour ses deux filles. [...]
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