Mort en 1662, à 39 ans, Pascal aura consacré ses dernières années à la réflexion philosophique et religieuse. Ses Pensées, parues à titre posthume, sont la trace, fragmentaire, des méditations d'un homme qui prend conscience, par la maladie et la souffrance, de la fragilité de la vie humaine. Or c'est précisément l'expérience de la faiblesse humaine qui révèle simultanément à Pascal où se trouve notre véritable grandeur. Cette recherche constitue le thème du fragment I, 10-11, un texte rendu puissamment évocateur par la richesse et la concision des images littéraires auxquelles il recourt au service de son argumentation. C'est d'ailleurs la figure de l'antithèse qui constitue la structure de ce texte qui oppose la faiblesse de l'homme à ce qui constitue sa grandeur et sa dignité (...)
[...] Or Pascal ne vise pas seulement, dans ce texte, l'adhésion du lecteur à une conception particulière du monde et de l'homme. La portée de son texte est morale. En effet, le modalisateur de devoir qu'est l'emploi de l'impératif travaillons donc à bien penser révèle le dernier élément de la thèse du texte : si la pensée est le propre de l'homme, et la source de sa dignité et de sa puissance, le devoir premier de l'homme est en effet, d'apprendre à utiliser correctement cette faculté. [...]
[...] Commentaire du texte de Pascal, Pensées, 10-11 Texte L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser. Une vapeur, une goutte d'eau, suffit pour le tuer. Mais quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien. Toute notre dignité consiste donc en la pensée. [...]
[...] Pas plus, bien entendu. L'espace et la durée, qui constituent les deux dimensions de toute matière existante, écrasent l'homme puisqu'il ne peut les englober. L'homme paraît aux prises avec un univers terrifiant : les verbes écraserait et engloutit évaluatifs négatifs, soulignent cette disproportion infinie entre l'homme et l'univers qui le transforme en un point Les conséquences de ce constat donnent le vertige : tout se passe comme si, en possédant davantage, l'homme était renvoyé à l'immensité de ce qu'il ne possède pas. [...]
[...] Ses Pensées, parues à titre posthume, sont la trace, fragmentaire, des méditations d'un homme qui prend conscience, par la maladie et la souffrance, de la fragilité de la vie humaine. Or c'est précisément l'expérience de la faiblesse humaine qui révèle simultanément à Pascal où se trouve notre véritable grandeur. Cette recherche constitue le thème du fragment 10-11, un texte rendu puissamment évocateur par la richesse et la concision des images littéraires auxquelles il recourt au service de son argumentation. C'est d'ailleurs la figure de l'antithèse qui constitue la structure de ce texte qui oppose la faiblesse de l'homme à ce qui constitue sa grandeur et sa dignité. [...]
[...] Les évaluatifs positifs noble et dignité établissent cette supériorité. Elle n'est pas vraiment démontrée dans ce fragment, si ce n'est par la négative puisque la force de l'homme ne peut venir ni de sa vigueur ni de ses richesses. C'est davantage la force de la formule qui frappe les esprits et convainc de la justesse de la thèse : la métaphore du roseau pensant étrange au demeurant suscite l'étonnement en comparant l'homme à un végétal fragile mais doté de la plus précieuse et de la plus rare faculté. [...]
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