Avant d'être pensées, l'homme peut d'abord être caractérisé par un ensemble de données biologiques. L'être humain est un assemblage complexe et organisé d'organes remplissant des fonctions vitales, lui permettant d'assurer sa survie et celle de son espèce. Mais comparé à l'univers, l'homme n'est qu'une infime poussière, la plus faible qui soit. On peut donc s'interroger sur ce qui, dans le concept d'homme, est décisif. Est-ce son corps, sa simple dimension physique ? Pour Pascal, ce qui est décisif chez l'homme est dans un premier temps sa capacité de penser, et dans un second temps son devoir d'orienter sa pensée vers la morale (...)
[...] Non pas sa conscience sensible, instinctive, immédiate, mais celle qu'il doit s'efforcer d'éduquer et de travailler et ainsi de faire tendre vers une certaine moralité : la conscience de soi. Un homme ne mérite pas le respect parce qu'il possède plus de biens ou de terres que son voisin, mais parce qu'il est capable de s'émanciper et de penser par lui-même, penser sa pensée propre, réfléchie et en recherche de morale, donc de respect envers autrui, puisque c'est ce qu'il y a de plus juste. [...]
[...] Pour Pascal, l'homme doit donc conquérir une autre dimension, celle de la pensée. Il dit, en parlant de l'univers, par la pensée, je le comprends ; ici comprendre à un double sens : l'homme comprend l'univers sur le plan de la connaissance : il l'étudie, l'analyse, l'observe et le dissèque : il le comprend, l'accepte et le conquiert ainsi d'un point de vue intellectuel ; mais il le comprend aussi dans le sens qu'il le réduit à une entité qu'il est capable de dominer sur le plan de la pensée. [...]
[...] Par l'espace l'univers me comprend et m'engloutit comme un point : par la pensée je le comprends. [fr. 113-348] La grandeur de l'homme est grande en ce qu'il se connaît misérable; un arbre ne se connaît pas misérable. C'est donc être misérable que de connaître misérable, mais c'est être grand que de connaître qu'on est misérable, [fr. 114-397] L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser ; une vapeur, une goutte d'eau suffit pour le tuer. [...]
[...] Mais quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu'il sait qu'il meurt et l'avantage que l'univers a sur lui. L'univers n'en sait rien. Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C'est de là qu'il nous faut relever et non de l'espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc a bien penser : voilà le principe de la morale, [fr. 200- 347] Pascal, Pensées (1670), in Œuvres complètes, L'Intégrale, Seuil p. 513-528-540. Commentaire : Avant d'être pensées, l'homme peut d'abord être caractérisé par un ensemble de données biologiques. [...]
[...] Mais par le simple fait qu'il s'interroge, cela montre qu'il a conscience de son état et que ses questions sont le produit d'un certain état de conscience qui le distingue du règne végétal et animal. Pascal répond donc à ce paradoxe de manière dialectique : se connaître misérable c'est bien être misérable, puisqu'on le sait. La première partie de la phrase doit ainsi être prise comme une leçon d'humilité. Pour Pascal, la condition humaine est tragique : non seulement l'homme est misérable, mais il en est en plus conscient, et cette conscience ne le fait par pour autant sortir de la misère de manière efficace. [...]
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