La peau de chagrin, Balzac, lecture analytique, culpabilité, malhonnêteté, métaphore, comparaison
Dans la deuxième partie de La Peau de chagrin (1831) « La femme sans coeur », le narrateur est le héros du roman, Raphaël de Valentin, âgé de vingt ans. Il s'agit d'une analepse : il raconte sa vie à son ami Émile Blondet qui participe, lui aussi, au banquet donné par le banquier Taillefer, à Paris, rue Joubert, sur la rive droite. Depuis un an, il rêve d'être « bien mis, en voiture, ayant une belle femme à [s]es côtés ». Pour réaliser ce rêve, il décide de jouer et il dérobe deux pièces de vingt francs soit 88 € à son père.
Cette page, où le fils joue l'argent du père, est intéressante de deux points de vue. D'abord, Balzac offre une analyse intéressante de la culpabilité qui saisit Raphaël : l'extrait commence avec la vision glaçante d'un père perçu comme un Dieu vengeur, il se termine avec les propos assassins de ce père d'autant plus terrible qu'il voile à peine ses reproches. Entre-temps, le jeune homme perçoit le regard réprobateur des autres joueurs, qui l'accusent d'une autre malhonnêteté, ne pas avoir déposé l'argent de la mise. Ensuite, cette page fait écho à d'autres passages où le jeu occupe une place importante dans l'évolution de l'intrigue.
[...] Il passe de la souffrance à l'euphorie de la libération. Cette attention à la physiologie, et en particulier aux fibres est fréquente chez lui. Ainsi, parlant d'un voyage inconfortable qu'il effectue en 1838, il écrira : C'est une chaleur qui relâche toutes les fibres. Dans Le Père Goriot (1835) : Eugène commenc?ait se trouver très mal l'aise, il aperc?ut enfin la vicomtesse qui lui dit d'un ton dont l'émotion lui remua les fibres du cœur : Pardon, monsieur, j'avais un mot écrire [...] . [...]
[...] La question est celle d'un interrogatoire de suspect. 15 -Je regardais, répondis-je en tremblant. Le mensonge est dit très brièvement. Les manifestations physiques qui révèlent l'angoisse reprennent le jeune homme. 16 -Mais, reprit mon père, il n'y aurait eu rien d'extraordinaire à ce que vous eussiez été forcé par amour-propre à mettre quelque argent sur le tapis. La réponse surprenante du père montre une compréhension qui ne peut que déstabiliser le fils. C'est une hypothèse qu'il formule au conditionnel passé qui exprime l'irréel du passé. [...]
[...] Le jeu tient un rôle important dans La Peau de chagrin : son ouverture se passe dans un tripot du Palais-Royal (octobre 1830). C'est parce qu'il a perdu sa dernière pièce d'or que Raphaël entre chez le vieil antiquaire et acquiert la fameuse peau magique. Rastignac partagera avec lui les vingt-sept mille francs qu'il a gagnés au jeu pour son ami qui avait promis à [s]on père de ne jamais mettre les pieds dans une maison de jeu. Il deviendra alors un viveur . [...]
[...] S'il est précisé que homme est décoré , c'est pour donner du crédit à sa parole. Il manque 88 Euro. 7 Je fus soupçonné par des yeux inquiets, je pâlis et des gouttes de sueur sillonnèrent mon front . La phrase frappe par son rythme ternaire qui décompose le phénomène de la culpabilité : le regard accusateur de la foule entraîne mécaniquement des manifestations physiologiques. Le corps est à nouveau l'objet de l'attention : il parle et ce langage corporel dit l'angoisse qui s'exprime spontanément. [...]
[...] 16 Mais, reprit mon père, il n'y aurait eu rien d'extraordinaire à ce que vous eussiez été forcé par amour-propre à mettre quelque argent sur le tapis. 17 Aux yeux des gens du monde, vous paraissez assez âgé pour avoir le droit de commettre des sottises. 18 Aussi vous excuserais-je, Raphaël, si vous vous étiez servi de ma bourse... 19 Je ne répondis rien. Dans la deuxième partie de La Peau de chagrin (1831) La femme sans cœur , le narrateur est le héros du roman, Raphaël de Valentin, âgé de vingt ans. [...]
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