À propos de son roman, La Peau de chagrin, Balzac déclara : « le but de profonde moralité cachée dans mon livre échappe à beaucoup de critiques qui ne voient que de la forme ». Balzac exprime ici son regret que beaucoup n'aient pas compris son livre tel qu'il l'a écrit, opposant ainsi le fond et la forme. La question du genre même de cette œuvre est difficile à établir tant les différents indices qui pourraient la caractériser se mélangent.
[...] Nous allons dans un premier temps étudier la Peau de chagrin en tant qu'objet, cœur de l'étrange et du fantastique dans le récit. Le constat est abordé très tôt dans le récit, la Peau n'est que symbole et représentation. Celle-ci est également un objet impossible, à la fois souple et dur D'un point de vue de l'organisation spatiale dans le magasin de l'antiquaire, la peau de chagrin fait face à un portrait du Christ (page 94) et Raphael devra se retourner pour la voir. [...]
[...] Cette sous-partie va donc porter sur la valeur allégorique de La Peau de chagrin, par le biais du personnage de Foedora et de la Peau. Pour Todorov, l'allégorie implique l'existence d'au moins deux sens pour les mêmes mots. Ce double sens est indiqué dans l'œuvre de manière explicite : il ne relève pas de l'interprétation d'un lecteur quelconque. Peut-on faire coïncider cette définition avec celle du fantastique ? Un récit fantastique a priori peut-il être allégorique ? Comme dit précédemment, Foedora en présentée par Balzac comme étant une allégorie de la société. [...]
[...] Balzac va insister à décrire les doutes de Raphael, lui donnant ainsi une véritable consistance suis-je fou ? Raphael est également réaliste de par le fait qu'il représente une génération désenchantée, à la fois étouffée par la restauration et déçue par la révolution qui n'a apporté aucun changement. D'ailleurs, tout comme Balzac, Raphael n'assistera pas à la révolution de juillet. En pleine ère de l'individualisme, Raphael, incarne le mal du siècle, le repli sur soi même jusqu'à son propre dégout. [...]
[...] Figure double encore une fois du bien et du mal : il sauve certes Raphael du suicide, mais lui offre un cadeau qui sera responsable finalement de sa mort. Balzac va donc établir son portrait en utilisant un champ lexical et un vocabulaire emprunté à la littérature fantastique. Ainsi, il est associé à une espèce de fantôme (page sa robe est comparée à un linceul et le narrateur utilisera par deux fois le nom de Dieu pour le représenter. Figure de la mort ou de la vie ? [...]
[...] Sont-ils néanmoins opposés ? Étude philosophique signifie que cette œuvre exprime un certain nombre de principes, de réflexions visant à être interprétées dans un sens plus large que celui de l'œuvre en question. Pour autant, la forme romanesque ne doit pas y être occultée, les deux formes devant ainsi être au service l'une de l'autre. L'aspect philosophique en tant que tel est abordé à plusieurs reprises dans le roman. Le départ de Raphael à la campagne émotions vraies et vie végétative page 358) ne fait-il pas écho à la tradition rousseauiste de rapport à la nature ? [...]
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