Marivaux, "Paysan parvenu", Les soeurs Habert comme des femmes gourmandes

Résumé du document

Lecture analytique rédigée d'un passage de l'oeuvre de Marivaux, Le Paysan parvenu où l'on décrit les soeurs Habert comme des femmes gourmandes.

Extraits

[...] L'éloge des plats s'exprime par un lexique hyperbolique, par l'expression syntaxique du haut degré (intensifs, proposition relative), par le recours à l'énoncé incomplet qui suggère l'ineffable, par l'emploi hypocoristique de l'adjectif petit L'idée essentielle est celle d'un raffinement obtenu grâce à un art culinaire parfaitement dominé. Le style confine au sublime pour mimer l'extase dans laquelle se trouve le jeune paysan qui a l'impression de goûter aux joies du paradis. Les sœurs Habert paraissent se servir négligemment de leurs fourchettes l jetant des regards indifférents sur ce bon vivre l. 24/25, échangeant des répliques qui traduisent leur rejet de la nourriture, l. 25/26. [...]

[...] Selon les apparences, les dévotes ont un tout petit appétit ; la vérité est qu'elles sont gloutonnes et gourmandes. L'opposition se lit notamment à l'intérieur d'une même phrase, grâce à des corrections (notées ici en gras) qui nous font progresser jusqu'à la vérité : Jamais elles n'avaient d'appétit ; du moins on ne voyait point celui qu'elles avaient ; il escamotait les morceaux ; ils disparaissaient sans qu'il parût presque y toucher. Le comique tient ici au décalage entre ce qui est manifesté la comédie du dégoût et le résultat, proche de la prestidigitation la disparition-ingestion de nourriture. [...]

[...] C'est ce personnage du je narrant que l'on trouve par exemple l Je ne sais pas au reste comment nos deux sœurs faisaient en mangeant [ ] Le narrateur adulte a compris que l'apparence est souvent trompeuse, qu'il ne faut pas se fier aux paroles et aux actes qui peuvent dissimuler le contraire de ce qu'ils donnent à comprendre. Il a tiré de cette scène comme de plusieurs autres dans le roman une leçon sur la comédie du monde. Le lecteur lui aussi se trouve initié : il suit le parcours d'apprentissage du héros : c'est un des multiples visages de l'hypocrisie qui se révèle ici à lui l'hypocrisie des dévotes. [...]