Plus connu pour ses pièces de théâtre, Marivaux, né en 1688 et mort en 1763, a marqué la littérature française du XVIIIème siècle. Auteur par ailleurs de plusieurs romans, dont deux inachevés : La Vie de Marianne et Le Paysan parvenu, il place le thème de l'amour au coeur de toute son oeuvre. Dans Le Paysan parvenu, publié entre 1734 et 1735, il raconte l'histoire du jeune Jacob de la Vallée, engagé comme domestique par Mademoiselle Habert, une dévote d'une cinquantaine d'années, dont il s'éprend.
Dans ce passage, Jacob vient à la rencontre de celle qu'il aime et Mademoiselle Habert lui avoue avoir peur qu'il ne soit pas sincère. Dans une longue tirade il tente de lui faire entendre raison.
En quoi cet extrait est-il une parodie de la préciosité et s'inscrit comme une illustration de ce que l'on appelle le marivaudage ? (...)
[...] En effet, après une brève introduction qui explique la prise de parole : un rendez-vous, le narrateur retranscrit pour une bonne part l'échange entre lui et Mademoiselle Habert. On retrouvera l'aspect narratif du texte à la toute fin, lorsque le narrateur tire des conclusions de ce qui vient de ce passer. Pour le reste, le dialogue envahit l'épisode, un phénomène assez nouveau en littérature car auparavant et notamment au XVIIème siècle, on avait plutôt tendance à retranscrire les propos en ayant recours au style indirect. [...]
[...] Le comique transparaît également dans le faux dialogue qu'il fait avec Mademoiselle Habert au cours de sa longue tirade et qui vient soulever l'absurdité des remarques de cette dernière : vous me dites : M'aimes-tu, cousin ? Que je vous dise : Eh! Pardi, oui, cousine; et que vous repartiez- peut-être que non, cousin ( . ) Enfin, le décalage entre la manière dont Jacob de la Vallée énumère ses preuves d'amour et ce qu'il dit, offre un regard assez parodique du double du narrateur : il en fait trop : vous me rendez malade d'inquiétude je mettrais ma vie en gage si bien que ce qui aurait dû apparaître comme une scène sensible, en ayant recours à un langage noble, se transforme en tirade parodique par l'intervention de termes moins précieux, déjà cité auparavant. [...]
[...] On notera la répétition de vous doutez de moi ? phrase clé de tout discours passionné de roman précieux et aussi de remise en cause du sentiment contre lequel l'amant s'emporte. Cette question exprimer une incompréhension de Jacob, qui se présente comme une victime de l'amour : j'aimerais mieux ne vous avoir jamais vue, ni aperçue,, que de m'entendre accuser de la sorte Ce recours au verbe accuser pour qualifier les remarques de Mademoiselle Habert le place bien comme une victime d'un crime d'amour et est d'autant plus forte que ce terme appartient au vocabulaire juridique. [...]
[...] Le thème central du Paysan parvenu et, de façon plus large, de toute l'œuvre de Marivaux, est la mise en scène de l'amour chez des amants encore mal expérimentés dans ce domaine. L'âge ne fait pas foi, car Mademoiselle Habert doute comme une jeune fille alors qu'elle a plus de cinquante ans. De façon assez traditionnelle, le narrateur raconte donc avec un regard rétrospectif un rendez-vous amoureux avec celle qu'il aimait, jeune homme. Redevenant acteur, il livre avec précision chaque détail de la conversation et laisse paraître dans ses propos ses sentiments de jeune amant. [...]
[...] Dans Le Paysan parvenu, publié entre 1734 et 1735, il raconte l'histoire du jeune Jacob de la Vallée, engagé comme domestique par Mademoiselle Habert, une dévote d'une cinquantaine d'années, dont il s'éprend. Dans ce passage, Jacob vient à la rencontre de celle qu'il aime et Mademoiselle Habert lui avoue avoir peur qu'il ne soit pas sincère. Dans une longue tirade il tente de lui faire entendre raison. En quoi cet extrait est-il une parodie de la préciosité et s'inscrit comme une illustration de ce que l'on appelle le marivaudage ? [...]
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