Commentaire linéaire niveau Lycée sur le poème "Paysage", paru dans la seconde édition des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire en 1861, et qui ouvre la section des "Tableaux parisiens".
[...] Et cette magie est mise à l'œuvre "pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais" : la sorcellerie va véritablement commencer. Partie III : " . et j'en ai fait de l'or" (17-26) Troisième tableau : Le rêve Alors, je rêverai des horizons bleuâtres, Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres, Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin, Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin "Alors" marque clairement une progression dans le poème, et détermine la séparation entre deux grands mouvements : on passe ainsi de la phase d'incorporation de la matière extérieure, cette boue métaphorique de la ville qui imprègne le poète, phase également d'élaboration du projet d'écriture et de la figure du poète, et la phase de création véritable, le passage à l'acte de ce poète. [...]
[...] Hugo, dans le même poème des Orientales que nous citions plus haut, et que Baudelaire devait sûrement connaître, y fait aussi référence : Oh ! qui fera surgir soudain, qui fera naître, Là-bas, - tandis que seul je rêve à la fenêtre Et que l'ombre s'amasse au fond du corridor, Quelque ville mauresque, éclatante, inouïe, [ . ] De la même manière, cette hispanomanie traverse toute la culture romantique et postromantique : pour ne citer que trois exemples, Théophile Gautier, à qui les Fleurs du Mal sont dédiées, compose en 1845 les vers d'España, Mérimée publie en 1847 Carmen, qui connaît un très grand succès -au point qu'elle sera adaptée en opéra par Bizet en 1875-, et Manet, après avoir découvert Velasquez, réutilisera sa palette aux tons francs et aux contrastes parfois tranchés, comme dans le Buveur d'Absinthe, et même jusqu'au Joueur de fifre. [...]
[...] "Être un homme utile, écrivait-il, m'a toujours paru quelque chose de hideux." Au dandy dégoûté, au poète patient et acharné se joint le prosateur halluciné : "Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. [...]
[...] et j'en ai fait de l'or" (v.16-26) DÉVELOPPEMENT Partie I : La première strophe Ce huitain est formé de deux phrases égales de quatre vers chacune. 1e phrase : Un poète qui se veut à l'écoute du monde pour composer Je veux, pour composer chastement mes églogues, Coucher auprès du ciel, comme les astrologues, Et, voisin des clochers, écouter en rêvant Leurs hymnes solennels emportés par le vent La posture du poète (messianique, hugolien) Tandis que le titre laisse présager un paysage, c'est dès ces premiers mots que le poète se dresse : "Je veux", fortement mis en valeur : sous l'accent à l'initial du vers, de la strophe, du poème et même des Tableaux parisiens, également séparé par une virgule du reste du vers, qui scande l'alexandrin avec ensuite un effet de crescendo. [...]
[...] Les choses s'animent, se meuvent par elles-mêmes, comme le montrent les personnifications qui suivent. (fleuve, lune) Le spectacle de la nature se réduit à l'espace du ciel nocturne, mais ce ciel n'est plus vide comme le ciel de la première strophe : des lumières s'y distinguent ["étoile", "lune"] et le terme de "firmament" le charge d'une épaisseur culturelle : du latin religieux "appui, soutien" le firmament fait signe vers la plus élevée des sphères céleste qui contenaient les feux éternels, les astres, et qui étaient le séjour des dieux dans la mythologie antique. [...]
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