Dès la première lecture, Charleroi dégage un sentiment de grande confusion. Cette confusion vient du voyageur qui observe le paysage à travers la vitre du train dans lequel il se trouve, et qui n'est autre que le poète lui même.
Le premier élément marquant cette confusion est un bouleversement sensoriel qui se manifeste principalement par la multitude des sens utilisés dans chaque vers (...)
[...] Suivant ses ambitions, Verlaine se mettra à écrire quelques années plus tard en débutant par Poèmes saturniens en 1866 puis Fêtes galantes en 1869. Romances sans paroles, écrit entre 1872 et 1873 fait échos aux évènements de ces deux années, marquées par un déchirement émotionnel qui l'amène à quitter sa femme pour Rimbaud. En effet, en 1872 Verlaine quitte sa femme Mathilde pour rejoindre Rimbaud en Belgique le 7 Juillet. Le 22 Juillet, sa femme vient le chercher et le ramène jusqu'à la frontière belge. C'est alors que Mathilde rentrant en France, Verlaine change de train pour retrouver Rimbaud à Bruxelles. [...]
[...] De surcroît, on note un décalage entre les nombreuses questions posées et les ressentis des réponses Quoi donc se sent ? est un question mettant en jeu l'olfactif, alors que la réponse l'avoine siffle met en jeu l'auditif. Ce décalage se retrouve entre le vers 13 et 14 (olfactif et auditif) et entre le vers 18 et 19 (visuel et auditif). On relèvera également l'emploi de la thématique de l'étonnement par l'abondance de phrases à caractère exclamatif, qui marque donc l'étonnement : «des forges rouges ! parfums sinistres l'interjection oh ! [...]
[...] »v13 qui marquent aussi le dégoût. Le dernier élément infernal est la métaphore filée forges rouges , sistres cris des métaux qui évoquent les enfers , suivie de la comparaison des hommes avec des machines industrielles cris des métaux »v24 (l'homme devient ferraille par cette personnification) de plus les pluriels et singuliers sont embrassés ce qui suggère une deuxième personnification des métaux qui dominent alors l'humain. Un autre marqueur de l'impressionnisme dans ce poème est le rythme saccadé déjà évoqué qui, ici, souligne le pointillisme propre à ce mouvement. [...]
[...] Cette confusion étant marquée par un fort bouleversement sensoriel et par un questionnement confus qui illustre l'esprit embrumé du poète. Puis nous avons déterminé que cette confusion ,qui transfigure l'itinéraire, permet la mise en place d'un tableau impressionniste qui suggère l'opinion du poète sur Charleroi et ses kobolds Cette opinion étant très dénigrante, nous pourrions supposer un certain mécontentement de Verlaine qui est donc au final plutôt content de reprendre le voyage. [...]
[...] L'aspect poétique et irréel du paysage transfigure l'itinéraire. Ce procédé est utilisé afin de suggérer au lecteur la représentation de la scène sous l'aspect d'un tableau impressionniste révélant les sentiments du poète. L'impressionnisme verlainien dans ce poème fait en quelque sorte écho au poème Walcourt lui aussi influencé pas le mouvement impressionniste. Le principal élément impressionniste repris dans Charleroi est l'observation morcelée, c'est à dire que chaque strophe est indépendante des autres et peint un paysage à elle seule ; on trouve ainsi une strophe 1 qui joue le rôle d'un incipit, la 2 dévoile le champêtre, la 3 l'urbanisme, la 4 un paysage ferroviaire, la 5 présente l'exacerbation des sens, la 6 des paysages miniers et la identique à la strophe implique un cycle marqué par la reprise du voyage. [...]
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