[...]
? Structure non classique : 3 sizains verticaux et hétérométriques (longueur du vers différente et alternance de vers pairs et impairs).
En fait, le poème semble composé de 3 x 2 tercets jumelés. Chaque tercet est constitué de tétrasyllabes (vers de 4 syllabes) et d'un trisyllabe (vers de 3 syllabes), ce qui en fait un alexandrin boiteux de 11 syllabes au lieu de 12.
Des mètres très courts créent la surprise.
? Des rimes qui ne correspondent pas à la prosodie classique :
? au niveau de la disposition : alternance de 2 masculines + 1 féminine isolée
? Rimes pauvres par exemple entre "m'en vais" (v.13) et "mauvais" (v.14) et rimes suffisantes entre "souviens" et "anciens" (v. 10-11)
? des rimes proscrites de l'écriture classique car établies sur des adverbes "quand" (v. 8) avec "suffocant" (v. 7) et "delà" (v. 17) avec "la" (v. 18)
? Le rythme est fluide dans la 1ère strophe, chaque vers est lu d'une traite et sans pause en l'absence de virgule en milieu de vers. Il est ensuite plus syncopé dans la 2° strophe avec le rejet de "blême" et le contre rejet de "quand " (v.8) séparés par une virgule. De même, dans la 3ème strophe, le vers 16 est rythmé en 2 x 2 syllabes à cause de la virgule centrale.
? recherche de la dissonance, ce que Verlaine appelle un accord discord dans son poème A la manière de Paul Verlaine.
La phrase est donc démembrée sur plusieurs vers très courts, ce qui permet à la musicalité et à la rapidité des rimes de véhiculer des valeurs subjectives.
Le poème est dominé par des tons bas, sourds.
L'assonance en "o" : "sanglots" (v.1) "violons" (v.2), "automne" (v.3), "monotone" (v.6), "suffocant" (v.7), "sonne" (v.10), "mauvais" (v.14), "m'emporte" (v.15), "morte" (v.18) exprime une plainte : le poème est élégiaque (...)
[...] 14) auquel Verlaine attribue une épithète dépréciative mauvais représente de façon allégorique le destin de l'homme, sa condition mortelle. La réification de l'homme (sa comparaison avec un objet : la feuille) souligne son extrême fragilité, il ne peut rien contre le passage du temps. Au vers 13, le poète semble décisionnaire, il est le sujet du verbe je m'en vais mais aux deux vers suivants, c'est le vent qui mène l'action et le pronom personnel sujet je devient un pronom personnel complément m' (v.15). [...]
[...] TR : Verlaine exprime un sentiment profond de tristesse en ayant recours à la musicalité et à des colorations en demi-teinte. II) Un poème impressionniste Des images suggestives Le poète emploie un vocabulaire volontairement sobre, simple, mais les images qu'il crée sont imprécises et ouvrent sur plusieurs interprétations, en particulier dans la première strophe. Ainsi, nous ignorons finalement qui pleure : ce peut être le poète, les violons comme indiqués au début du poème ou bien le ciel, car en automne, il pleut souvent. [...]
[...] Le poème ne comporte donc pas une description du paysage, mais celle d'une saison emblématique. Ccl : Ce poème est symboliste dans la mesure où sa structure et son rythme originaux se doublent d'une variation musicale autour de tons bas et sourds. Il nous révèle l'état de profond abattement du poète par des images esquissées et l'évocation d'une saison qui, annonciatrice de mort, fait écho à sa tristesse. Nous pouvons rapprocher ce poème du tableau impressionniste Impression, soleil levant de Monet (1873) qui suggère plus qu'il ne figure l'aube dans le port du Havre. [...]
[...] La diérèse des sanglots longs des violons étire douloureusement le vers (distorsion) correspondant au son plaintif de l'instrument et à sa peine. L'accent porté sur le son i marque cette douleur aigue. Le choix du violon n'est pas hasardeux : un violon joué de main de maître pleure Les échos sonores sont nombreux et contribuent à la monotonie musicale, le texte est murmuré plus que chanté contrairement à ce que son titre chanson d'automne laissait présager, le poème se veut une chanson douce et triste. Très tenue et subtile dans un texte très court, elle est dominée par l'uniformité du ton. [...]
[...] et blême comme s'il agonisait. Enfin dans la dernière strophe, il est proche de la mort feuille morte (v. 18). La 1ère strophe suggère les bruits de l'automne, la 2ème, par le souvenir, marque des résonances internes douloureuses et mélancoliques. Et la 3ème strophe met en relief le triomphe de la mort sur l'homme. Il est surprenant que Verlaine ait abordé la confrontation de l'homme à son état de simple mortel si jeune. Rappelons qu'il a écrit ce poème à 22 ans. [...]
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