Paul et Virginie est un roman empreint des grands thèmes rousseauistes : la sensibilité, l'harmonie de l'homme et de la nature n'en sont que des exemples. L'extrait que l'on se propose de commenter se situe au début de l'oeuvre et son découpage est assez déroutant. Au lieu de constituer un paragraphe à part entière, la première phrase de celui-ci a été écartée. "Ainsi se passa leur première enfance comme une belle aube qui annonce le plus beau jour" nous dit-elle. Amputer l'extrait de cette phrase est peut-être une manière de refuser l'optimisme du narrateur. En la supprimant, on se plaît à nier l'"annonce du plus beau jour" et on se rappelle du triste destin qui attend les deux enfants. Le narrateur, après avoir décrit l'arrivée de Mme de La Tour en île de France ; ses conditions d'installation et la rencontre avec Marguerite, expose la "première enfance" des deux enfants Paul et Virginie (...)
[...] Si la nature et la famille se caractérisent par une harmonie évidente, le narrateur nous livre une description à la fois physique et morale des deux personnages dans un texte aux touches picturales et sacrées. * Le texte présente une idée d'harmonie de la nature. Le cycle de la nature, les saisons, le lever et le coucher du soleil rythment la vie des deux familles. On le voit notamment grâce aux indices temporels tels que : Dès que le chant du coq annonçait le retour de l'aurore bientôt après quand le soleil dorait les pitons de cette enceinte souvent ils le prenaient devant la porte qui ponctuent le texte. [...]
[...] En effet, ils semblent se nourrir au sens propre et au sens figuré de l'énergie de la nature, et l'harmonie à l'œuvre dans celle-ci se reflètent chez les deux héros. D'ailleurs, le champs lexical des beautés de la nature est convoqué dans la description des deux enfants. De grands cheveux blonds ombrageaient (l.17) la tête de Virginie et ses lèvres de corail brillaient du plus tendre éclat sur la fraîcheur de son visage (l.18). L'emploi du verbe «ombrager pour ses cheveux, du corail pour désigner la couleur des lèvres de Virginie font d'elle une véritable incarnation de l'harmonie et de la beauté naturelle. [...]
[...] Ces deux éléments renvoient à une communion avec le divin et avec autrui. Il est également fait mention du contentement de leur âme (l.15), de la plus grande douceur (l.28) du regard de Paul. D'autre part, l'adjectif «tranquille (l.30), le verbe se rencontrer (l.35), les expressions : à leurs sourires rendus par de plus doux sourires (l.35), dont la nature est de s'aimer (l.37), rendre le sentiment (l.38) et l'amitié par des paroles (l.39), dénotent l'importance des sentiments et la générosité des deux familles. [...]
[...] * L'extrait de Paul et Virginie, est centré sur la vie des deux familles sur l'île de France. Le partage et le bonheur caractérisent leur existence. On note ainsi tout un champs lexical du bonheur et de la communauté. Le verbe partager dans ils partageaient avec leurs mères le terme tous dans l'expression tous les soins du ménage (l.2) traduisent une égale répartition des tâches, une générosité réciproque et un altruisme que l'on retrouvera dans le roman, par exemple pendant l'épisode de l'esclave maronne ramenée à son maître. [...]
[...] Des expressions telles que leur repas se passaient sans qu'ils ne se disent un mot (l.31), a leur silence (l.31) sont mises en parallèle avec la formule finale qui n'ont pas besoin de rendre le sentiments par des pensées, et l'amitié par des paroles (l.37 à 39). Les deux enfants ne présentent encore aucun vice de la civilisation, ils se passent aisément de parole et leur communication se fait de manière naturelle et sincère. Cette opposition justifie en partie l'insistance que le narrateur opère sur la description des yeux des deux personnages. La présence de ce thème corrélé à la bonté naturelle répond parfaitement au topos du bon sauvage très présent dans la littérature du XVIIIème siècle. [...]
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