On peut dire, en quelque sorte, qu'ayant deux titres, Le Pâtre et le Lion et Le Lion et le Chasseur, cette fable est double.
L'auteur joue de cette dualité à toutes les étapes de son récit :
- une introduction mouvementée dans laquelle le fabuliste révèle d'emblée ses sources et dévoile son travail d'écriture
- la structure du texte : on observe une première strophe inductrice avec la fable d'Ésope, la fable de Babrias (certain grec du vers 13) et la morale. Il y a là l'organisation traditionnelle au genre de la fable. Il utilise la brièveté pour éviter l'ennui et la dissipation du lecteur.
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[...] Le Pâtre et le Lion Recueil : parution en 1668. Livre : VI. Fable : composée de 40 vers. Les fables ne sont pas ce qu'elles semblent être ; Le plus simple animal nous y tient lieu de maître. Une morale nue apporte de l'ennui : Le conte fait passer le précepte avec lui En ces sortes de feinte il faut instruire et plaire, Et conter pour conter me semble peu d'affaire. C'est par cette raison qu'égayant leur esprit, Nombre de gens fameux en ce genre ont écrit. [...]
[...] La Fontaine utilise ici la brièveté pour éviter l'ennui et la dissipation du lecteur. Il se sert de la fable pour transmettre une nouvelle manière de voir dans la littérature, celle de son propre art. En jouant sur les différences entre les textes que nous avons déjà abordées, La Fontaine parvient à intégrer à son recueil de fables ce qui ne semble pas s'apparenter à ce genre. III- Le travail de dualité Les deux sources Les deux auteurs antiques avaient une conception de la fable différente : - pour Ésope : La fable doit être l'expression naturelle du sentiment avec la variété rythmique écrite en vers libres. [...]
[...] La Fontaine poussera même l'imitation plus loin, en s'inspirant des œuvres et des thèmes mais aussi en reproduisant la manière des deux fabulistes (Ésope et Babrias). Même si la rhétorique et la versification sont bien présentes, il s'agit d'un pastiche. Ainsi, chacune des deux fables donne lieu à une morale survenant après un récit, respectant en cela la conception de l'apologue : instruire et plaire Deux fables laconiques Bien que légèrement différentes, les morales sont les mêmes, attestant que : .peu importe l'histoire de la fable, seule la morale importe .deux fables peuvent avoir la même morale. [...]
[...] La Fontaine évoque clairement ses sources, à un siècle où l'imitation des Anciens était un gage de qualité, de vérité et d'authenticité. Il écrira même : Mon imitation n'est point un esclavage Cette fable double lui permet ainsi de commenter les six premiers livres de ses fables et de revenir sur sa conception de ce genre littéraire. Ainsi, les récits suivants différeront des précédents : ils seront plus longs, plus riches, plus denses et plus profonds. Le bestiaire et l'imaginaire en liberté du fabuliste s'amoindriront pour s'orienter vers une réflexion plus sérieuse et sentencieuse. [...]
[...] Mécompte : La Fontaine a écrit méconte pour la rime. Il est vrai qu'à l'époque, on ne distinguait pas conte et compte Lacs : lacet à nœud coulant servant de piège pour le gibier. Monarque des Dieux : Jupiter. Le Lion et le Chasseur Recueil : parution en 1668. Livre : VI. Fable : composée de 40 vers. Un Fanfaron amateur de la chasse, Venant de perdre un Chien de bonne race, Qu'il soupçonnait dans le corps d'un Lion, Vit un berger. [...]
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