L'univers urbain de la « fourmillante cité » comme le dit Baudelaire dans le poème « Les sept vieillards » de la section « Tableaux parisiens » offre à celui-ci maints sujets de description, de narration, de réflexion. Le sonnet « A une passante » est construit sur un thème romanesque, celui d'une rencontre de hasard; on y retrouve, dans un contexte citadin l'attirance sensuelle d'une présence féminine éblouissante de beauté, spectacle d'un mode complexe: celui de la condition humaine.
[...] Le désespoir est dû à une possibilité détruite comme le suggère l'irréel du passé que j'eusse aimée Le tutoiement donne l'impression qu'ils se connaissent dans un autre univers sans paroles où ils se sont compris. La femme médiatrice La femme est médiatrice par sa beauté, comme celle qui aspire l'homme vers l'univers idéal. Elle fait naître et renaître, révèle le beau au poète mais le rend inaccessible par sa fuite. Elle est déifiée, comme l'indique l'invocation Ô qui donne une tonalité religieuse et incantatoire. [...]
[...] Commentaire composé de A une passante de Baudelaire 1 A une passante La rue assourdissante autour de moi hurlait. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d'une main fastueuse Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ; Agile et noble, avec sa jambe de statue. Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue. Un éclair . puis la nuit ! - Fugitive beauté Dont le regard m'a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ? [...]
[...] Il en devient extravagant comme sorti de lui-même. Enivré de bruit et d'alcool, sa raison se dilue dans le vacarme, l'agitation et le mouvement de la foule. La foule et le mouvement C'est par rapport au poète que se définit la rencontre: c'est lui qui raconte et c'est lui qui en est le témoin, comme l'indiquent les pronoms personnels de la première personne. A cette foule appartient une femme qui pass[e] rapidement, comme le souligne le passé simple. Ceci est aussi marqué par le titre du poème : A une passante L'article indéfini une marque une apparition, un rêve. [...]
[...] Le temps utilisé est l'imparfait, qui est le temps de la durée, ce qui rend le malaise du narrateur d'autant plus insupportable. La construction du vers 1 montre l'enfermement de moi le poète, entre l'adjectif et le verbe ce qui montre l'agression qu'il subit. Le rythme du vers est rapide et saccadé, avec plusieurs coupes, ou hiatus, qui donnent une impression de halètement. Ceci est renforcé par l'utilisation de sonorités sifflantes, assourdissante et aussi de termes pesants et lourds. Baudelaire utilise aussi la métonymie la rue pour la foule : la ville est avant tout vue dans son aspect trépidant. [...]
[...] C'est sur un fond de réalité que s'ouvre l'imagination du poète et le champ de tous les possibles. Le poète Le contraste entre le mouvement de la rue et le moi qui semble seul, comme englouti et isolé, est marquant. Le caractère unique du moi le rend susceptible de vivre une expérience qui l'est tout aussi. Il se met en scène et semble avoir dans les quatrain un seul destinataire : le lecteur. L'apparition de la femme lui permet de passer de l'enfer hurlant de la rue à une contemplation silencieuse, indiquée pars les sonorités an, on, in Mais cette contemplation est éphémère, car rien n'existe en elle si ce n'est à l'état d'ébauche. [...]
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