Commentaire de texte : Samuel Beckett, "Fin de partie".
[...] Il est celui qui lui donne son salaire, comme Dom Juan donnait ses gages à Sganarelle, mais on pourrait penser qu'il pourrait trouver du travail ailleurs. Doit-on penser qu'il garde sa relation avec Hamm par masochisme ou encore par dépendance métaphysique, parce qu'il ne veut pas se confronter au gouffre existentiel de la liberté en quelque sorte ? « Pourquoi restes-tu avec moi » lui demande Hamm. Et Clov de lui répondre : « Pourquoi le gardes-tu ». Et chacun de répondre « Il n'y a personne d'autre » et « Il n'y a pas d'autre place ». [...]
[...] Ici, on ne se soucie pas des unités de temps, de lieu, d'action. Les personnages semblent errer dans une sorte de présent infini et dans un lieu vague et indéfini dans lequel il ne se passe rien. Même les personnages sont assez peu définies ressemblant à des silhouettes de Giacometti. Il y a presque quelque chose de paradoxalement drôle dans la façon dont les personnages se cognent à l'absurde. Jean Anouilh disait du théâtre de Beckett que ce sont « les pensées de Pascal revues par les Fratellini », les Fratellini étant des célèbres clowns de l'époque. [...]
[...] On peut penser comme Clov ne cesse de le répéter, que « quelque chose suit son cours ». Procédés de composition de la pièce Les silences, les répétitions constituent une grande partie de l'intrigue. Ils ponctuent l'ensemble de la pièce. Les silences sont de durée variable, mais c'est la fréquence de pauses relativement brèves qui est la plus remarquable : la didascalie « Un temps » est écrite de multiples fois tout au long du texte. Les didascalies composent par ailleurs 30% de l'œuvre totale. [...]
[...] C'est en premier lieu le cas de Hamm bien sûr, qui se plaint beaucoup : « Qu'est-ce que je tiens, je ferai mieux d'aller me coucher ». La souffrance que ressent Ham le rend amer semble-t-il. Il semble espérer des choses négatives comme la pluie par exemple, comme s'il voulait peut- être que le monde entier souffre avec lui. On peut imaginer que dans la situation dans laquelle il est, provoque chez lui une infinie souffrance morale. Même si Clov n'est pas dans la même situation que Hamm. Il semble souffrir puisqu'il répond à l'autre protagoniste qu'il a mal aux jambes, aux yeux. [...]
[...] de cette . chose ». On note tout le paradoxe de la réponse très affirmative du personnage lorsqu'on lui demande s'il en a marre mais il ne sait pas de quoi. Et personne ne sait de quoi il en a assez justement. De la même manière que dans la pièce En attendant Godot, Godot n'arrive jamais et on ne sait pas du tout à quoi il ressemble. Des propos sans queue ni tête Un personnage demande à l'autre s'il en a assez, l'autre lui répond de manière affirmative que c'est bien le cas mais ni l'un ni l'autre ne savent vraiment de quoi ils parlent. [...]
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