Une partie de campagne, Guy de Maupassant, campagne, sensualité, chant du rossignol, métaphore, regard lyrique, regard sarcastique
Françoise Goyet rappelle que la nouvelle se construit sur un système antithétique qui permet la concentration et l'efficacité narratives dans l'économie de cette forme brève. Une partie de campagne se structure ainsi sur l'antithèse entre ville et campagne, entre enfermement et liberté, entre retenue et sensualité. La famille Dufour vient en effet passer un dimanche à la campagne, pour fêter la Sainte-Pétronille, et franchit la frontière du fleuve, au-delà duquel la nature est en fête. La jeune Henriette effectue le trajet de la boutique de son père en plein Paris au "cabinet particulier" d'Henri sur l'île aux Anglais, et cette évasion avec le canotier deviendra l'aventure de sa vie. En effet, mère et fille ont accepté une promenade en yole proposée par deux canotiers à côté desquels la famille a déjeuné sur l'herbe, et les pages précédentes se sont attardées sur la montée du désir entre les couples au sein d'une nature vibrant de sensualité.
[...] L'orgasme s'exprime par le lexique de l'excès : "ivresse . crépitement . délire . déchaînait . pâmoisons . spasmes" ainsi que par les images de l'incendie et la présence d'adverbes d'intensité ( "éperdument"). L'accélération du rythme ainsi que le lexique de l'abandon miment les sensations éprouvées par les deux amants, que l'auteur donne à sentir et à connaître. Cette célébration du chant et de l'amour se prolonge par la description d'une série de variations ( "quelquefois il se reposait . [...]
[...] La matérialité sonore des mots participe de cette ivresse de la nature, avec la multiplication des liquides et de sifflantes. L'acte amoureux accorde la respiration des amants avec celle de la nature, avec laquelle ils sont désormais en osmose : "deux soupirs ardents qui se mêlaient au chant du rossignol et au souffle léger du bois". L'expérience amoureuse est une expérience de fusion, d'union avec les éléments, qui s'exprime sur un registre lyrique. Maupassant file alors la métaphore et poursuit sa description du chant du rossignol, qui occupe maintenant tout l'espace du texte. [...]
[...] Ou bien, il partait d'une course affolée"). La longueur de la métaphore et les divers procédés d'insistance comme l'énumération et l'emploi du pluriel ( "jaillissements de gamme, des frémissements, des saccades") conduisent à se demander si Maupassant ne tombe pas ici en plein grivoiserie et ne fait pas basculer son texte du côté de l'obscène. Le mouvement du texte se résorbe néanmoins avec le retour au silence du rossignol, "mais il se tut, écoutant sous lui un gémissement tellement profond qu'on l'eût pris pour l'adieu d'une âme." L'oiseau redevient témoin des ébats d'Henri et d'Henriette, tout comme le lecteur. [...]
[...] La nature, accueillante et en accord avec les personnages devient une fois l'acte consommé, parfaitement menaçante. Le texte semble donc bien ambivalent, creusant une veine à la fois poétique et sarcastique. Sarcasme dont Renoir ne s'est pas fait le porte-parole dans son adaptation. Le cinéaste porte sur cet épisode un regard bienveillant et entre en empathie avec la jeune fille qui vient de perdre son innocence, ainsi que le long insert sur la larme du visage de Syjvie Bataille le suggère. [...]
[...] Une partie de campagne se structure ainsi sur l'antithèse entre ville et campagne, entre enfermement et liberté, entre retenue et sensualité. La famille Dufour vient en effet passer un dimanche à la campagne, pour fêter la Sainte-Pétronille, et franchit la frontière du fleuve, au-delà duquel la nature est en fête. La jeune Henriette effectue le trajet de la boutique de son père en plein Paris au "cabinet particulier" d'Henri sur l'île aux Anglais, et cette évasion avec le canotier deviendra l'aventure de sa vie. [...]
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