Le parti pris des choses - Francis Ponge (1942)

Thèmes abordés

Parti pris des choses, Francis Ponge, notion d'objeu, relation au temps, sapate pongien, recueil de poèmes, tradition épidictique, humanisme, relativisme pongien, eudémonisme, épicurisme, politique de la prose, prose pongienne, alexandrin, lyrisme

Résumé du document

L'oeuvre de Ponge s'applique à concevoir un objet qui s'inscrive dans le temps comme un monument durable. La valeur littéraire est inséparable pour Ponge de cette capacité à transcender le temps et la mort. Tout le paradoxe est dans ce geste : l'attention extrême portée aux éléments présumés insignifiants, sans valeur, possiblement périssables, soutient un projet relevant du monument ou du monumental.

Extraits

[...] Il y a une morale de l'escargot, une morale de l'huître, etc. - Ponge Chacun de mes objets, qui persiste dans la vie, propose une façon d'être, donc une morale. Il y a une morale de l'escargot, une morale de l'huître, etc. - Ponge D'un nouvel humanisme La morale pour Ponge est celle d'un moraliste cultivant une sagesse pratique : on peut ainsi le relier à la figure de La Fontaine. Ponge refuse toute parole dogmatique, mais réfléchit sur les comportements humains, recourant très peu à la dénonciation explicite. [...]

[...] De même, l'anthropomorphisation des choses participe d'une vision du monde où il s'agit de renouer contact avec la nature. La prose Ponge propose des textes en prose, mais sans jamais leur déterminer une vocation ou une valeur préalable : la prose serait justement ce qui échappe à la catégorisation, la forme donc la plus à même, par sa plasticité, de permettre la découverte et la production de quelques vérités nouvelles sur l'objet. Cette détermination prosaïque se revendique antipoétique. Ponge ne cesse de le rappeler. [...]

[...] Il relie en effet le projet pongien à toute une tradition rhétorique occidentale, le mode épidictique de l'ode. Un poème de Ponge est comme une ode, mais désaffublée des élans lyriques conventionnels auxquels elle pourrait donner lieu. Le Parti pris des choses renoue, mais en le détournant, avec une forme ancestrale de la littérature, l'éloge paradoxal. L'écriture pongienne se fait ainsi par instants proprement héroï-comique, n'hésitant pas à magnifier à grand renfort d'hyperboles ce qui touche le sol. La morale Chacun de mes objets, qui persiste dans la vie, propose une façon d'être, donc une morale. [...]

[...] L'enjeu idéologique : politique de la prose Dans son poème sur la porte, Ponge fait l'éloge des plaisirs de la porte : ainsi, il redistribue les valeurs habituelles en montrant comment les rois ont perdu le rapport aux choses, au réel. Ainsi pénètre dans la prose pongienne la recherche d'une parole humblement adaptée à son objet. La présumée banalité de l'objet appelle une apparente banalité de la forme. Ponge reprend donc à rebours le lyrisme en choisissant d'exalter prosaïquement le présumé Insignifiant . [...]

[...] Le parti pris des choses - Francis Ponge (1942) L'œuvre littéraire, ses propriétés, sa valeur Faire œuvre : le texte comme objeu L'œuvre de Ponge s'applique à concevoir un objet qui s'inscrive dans le temps comme un monument durable. La valeur littéraire est inséparable pour Ponge de cette capacité à transcender le temps et la mort. Tout le paradoxe est dans ce geste : l'attention extrême portée aux éléments présumés insignifiants, sans valeur, possiblement périssables, soutient un projet relevant du monument ou du monumental. [...]