« Le Choeur – Reine Athéna, quelle est cette habitation que tu me proposes ? / Athena – Telle que tu n'y trouveras rien à redire. Accepte. » Cet échange des Euménides, la troisième tragédie de la trilogie d'Eschyle Orestie, porte sur la question de la volonté humaine et les conclusions à tirer des suites de bagarres et meurtres ; tandis que la conclusion commune d'un « polis » gouvernée par le "logos" de raison s'inscrit au niveau macrohumain, Claudel s'est penché au niveau microhumain pour se plonger dans le fond de l'expérience de l'homme.
Traducteur de cette œuvre, Claudel en parle ainsi : "La grandeur d'Orestie, c'est qu'elle n'est pas seulement une exposition d'événements excessifs rattachés entre eux par des liens d'une logique plus ou moins arbitraire. C'est la discussion approfondie sous la forme d'une espèce de parabole légendaire, depuis le principe jusqu'à la conclusion, d'un des problèmes de la Conscience humaine, celle du Crime et du Châtiment."
Cette affirmation au sujet de son chef-d'œuvre de traduction nous pousse à nous interroger sur la « logique arbitraire » servant pour base narrative de ce drame de Claudel, il reste en tout cas à définir le terme « logique, » s'inscrit-il dans une raison et ordre de règles quelconque ? Et cherche-t-il les voix dans la « parabole » et la « légende » pour trouver son expression ?
[...] l'amour qui présuppose cet égocentrisme est non plus un amour destructeur, mais un au-delà de la souffrance et pauvreté subites, le désir qui devient la justice.[46] Il s'agit donc d'un amour qui a surmonté le crime originel de l'amour charnel, parcouru le châtiment de la souffrance amoureuse et instructive, et qui demeure au final dans l'éternité du logos divin en évoluant en l'agapè, l'amour de Dieu et l'humanité. Nous voyons alors la morale, incarnée par la relation d'Ysé et Mesa, qui peut prendre forme d'une parabole, mais en même temps encadrée par des éléments de la légende, sur la base d'un récit d'amour. Donc pour résumer, le Partage de Midi prend pour base une logique arbitraire d'un récit d'amour. [...]
[...] Nous avons donc lieu de poursuivre l'idée d'un logos de Dieu; instructeur de l'homme au nom de son épanouissement spirituel. Pour accomplir cette fin instructive, le genre du récit parabole s'offre en tant que véhicule du logos divin, qui s'incarne en une morale. La morale du logos divin dans la parabole nous indique l'importance du Verbe performatif parlé pour alimenter les connaissances de la spiritualité humaine, mais également la valeur du mot écrit vu le cadre écrit d'une parabole. En partant de ceci, nous allons donc nous pencher sur la valeur portée sur l'instruction dans ses formes parlées et écrites avant d'analyser le logos divin, ou la logique arbitraire de Dieu, qui fait objet dans Le Partage de Midi. [...]
[...] Ici, notre regard se penchera sur l'alimentation de la conscience humaine en comportant une réévaluation de logique par ses fonctions créatrices, les connaissances d'ordre écrit et le travail d'abstinence. Vue à travers une grille chrétienne, la conscience humaine chez Claudel fera l'objet dans un dernier temps d'une matière transcendante pour servir de parabole. D'abord, Le Partage de Midi au niveau du récit est une histoire qui débute sur le pont d'un paquebot. Il vogue au milieu de l'Océan Indien avec quatre personnes à bord, dont un couple marié, un homme d'affaires et un jeune homme. [...]
[...] Par exemple, Mesa et Ysé, le couple épris de la passion de l'un de l'autre, font le même trajet en Chine sans se connaître à l'avant et sont ensemble à bord. Ceci semble relever à la fois des sentiments capricieux au niveau interpersonnel et de la pure coïncidence dans un plan plus large. De même, un regard à l'étymologie du mot arbitraire nous indique le mot arbitrarius en latin, qui porte le sens un côté d'arbitre, et d'autre côté de voulu et donc la volonté. Concentrons-nous sur le dernier; si Claudel parle d'une logique arbitraire des événements, il se peut qu'ils soient liés par une logique de volonté. [...]
[...] alors que Mesa joue le rôle d'un faux ami et traitre pour assurer la mort de de Ciz; l'acte criminel, et meurtrier par extension, de Mesa donne par exemple à comparer avec le baiser de Judas, qui mène à la mort du Seigneur.[17] L'intertexte biblique attribue à ces actions commis par le couple un amour criminel du genre du Péché originel d'Adam et Ève. L'intertexte biblique nous pousse donc à redéfinir le concept d'une logique arbitraire, par rapport au concept de logos au fond du mot logique, qui porte le sens du Verbe divin de Dieu. La divinité du logos consiste en ses capacités créatrices, Dieu dit qu'il y ait de la lumière! et il y eut de la lumière[18] selon la volonté du Dieu de la Bible. [...]
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