Théophile Gautier dit « Tout le monde a dévoré Les Mystères de Paris même les gens qui ne savent pas lire : ceux-là se les font réciter par quelque portier érudit et de bonne volonté ». Il en fut de même pour notre auteur, Georges Grison. Ce journaliste du Figaro, né en 1841 et est mort en 1928, lut ce livre qui l'inspira. Durant sa vie, il écrivit des romans policiers et sentimentaux, et parmi ses livres, il y eut Paris Horrible et Paris original en 1882 (voir photo ci-contre). Notre étude est ainsi un extrait de son livre et tout particulièrement le début de son œuvre.
Paris est jusqu'au début du 19ème siècle une ville à structure médiévale. Elle est représentée en une communauté organisée avec ses représentants, sa muraille et le siège d'un pouvoir politique. Paris se compose de douze arrondissements délimités en 1795, mais au 19ème siècle, sa conception change et fait d'une agglomération. Les révolutions industrielles ont poussé à ce que la ville possède un paysage urbain. Ainsi, Paris attira une masse de migrants en quête d'un emploi. Mais, un problème survient à ce moment-là : les nouveaux arrivants sont souvent pauvres et ils s'installent là où les loyers sont les moins chers, ce qui entraîne une paupérisation de zones entières à Paris ou en banlieue. C'est ainsi que cette inquiétude s'extériorise à travers l'opinion de la littérature. On retrouve dans ce cas la publication de Notre-Dame de Paris en 1831 puis Les Misérables en 1862 de Victor Hugo, mais aussi Les Mystères de Paris publié en feuilleton à partir de 1842 d'Eugène Sue. Tout cela pour dire que dans tous les pays industrialisés au 19ème siècle, un constat se fait : il y a une nécessité de réformer la ville puis de la penser dans sa globalité. Ainsi au début des années 1880 se développe un projet « d'urbanisme », soit de d'arranger une partie de la ville pour qu'elle soit meilleure. Ainsi, sous le Second Empire, Napoléon III donne à Georges-Eugène Haussmann l'autorisation de grands travaux d'urbanisme pour rendre Paris moderne.
Notre texte se situe alors après les projets d'Haussmann où notre écrivain parle des nouvelles infrastructures mises en place faisant de Paris une ville aérée et modernisée. Mais, Georges Grison s'interroge sur un aspect de Paris que tous omettent d'en parler : les bas-fonds de Paris au début des années 1880. Il y voit certes Paris qui s'embellit, mais il se demande aussi où vont se retrouver tous les méandres de l'ancienne Paris. Ainsi cet extrait parle aussi de l'autre facette de Paris, celle que les gens ne veulent pas voir, mais qui est cependant toujours présente : « Paris horrible ».
On peut alors se demander en quoi l'extrait de Georges Grison est une source sûre des réalités du 19ème siècle vis-à-vis des bas-fonds de Paris qui ne peuvent pas disparaître du jour au lendemain et qui fascinent nos auteurs contemporains ?
[...] Ainsi, l'auteur le dit très bien de la ligne 32 à 36. L'auteur le sous-entend à travers son extrait : Paris n'a plus plusieurs cours des Miracles, mais les nouvelles œuvres faites par Haussmann ont regroupé tous les malheurs, les défauts et les Cours des Miracles en une seule. Et pour lui, la nouvelle cour des Miracles se situe à Clichy. Ainsi de la ligne 78 à la fin, l'auteur montre le désarroi des forces de l'ordre pour faire régner tout simplement la loi. [...]
[...] Son successeur crée le bois de Boulogne ou encore le bois de Vincennes. Il cherche aussi à faire beaucoup d'axes afin que ceux-ci débouchent sur les monuments de la capitale et les mettent ainsi en valeur. Par exemple, lorsque l'auteur mentionne l'avenue de l'Opéra, le monument qui est représentatif de l'avenue est l'opéra Garnier, chef-d'œuvre de l'architecture éclectique propre au 19e siècle. Et autre exemple le plus représentatif est la place de l'Etoile d'où partent douze avenues, dont la plus célèbre, celle que nomme aussi Grison, l'avenue des Champs-Élysées. [...]
[...] L'auteur continue l'évocation des bas-fonds de Paris de la ligne 48 à 62. Cet extrait du texte résume son expédition dans cette partie de la ville qui n'a pas été abattue. La description donne cependant encore une impression de déjà vu, celle d'un autre écrivain. En effet, l'auteur base ses preuves sur les écritures d'autres contemporains comme Eugène Sue, comme nous avons pu le voir, mais aussi sur Victor Hugo. L'infiltration de Grison nous fait rappeler à l'insertion de Gringoire dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo. [...]
[...] L'auteur mentionne un trait qui touche les gens des bas-fonds que les nouvelles infrastructures ne montrent pas ou veulent en tout cas cacher : le delirium tremens (ligne 64). Ce mot d'origine latine est l'association de la folie (delirium) et du tremblement (tremens). Cette idée de délire tremblant a été introduite en 1813 par le médecin britannique Thomas Sutton pour désigner cette forme de délirium aggravée par le saignement, mais améliorée par l'opium. L'auteur montre à nouveau cet aspect du Paris où la maladie est présente alors que les idées de rénovations veulent circonscrire ces aspects. [...]
[...] Le cabaret du Lapin Blanc était dans la rue aux Fers comme le café des Pieds Humides. Ce dernier était une misérable échoppe située en contrebas de la rue et des Halles Centrales. On lui avait donné ce nom, car quand il pleuvait, l'eau y entrait et montait parfois jusqu'aux chevilles des consommateurs. Le patron du café s'associa plus tard avec le patron du Lapin Blanc qui se situait avant rue aux Fèves. Les circonstances de l'embellissement de Paris ont voulu alors que l'établissement soit exproprié. [...]
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