Les Paravents, treizième tableau, Jean Genet, présentation, condition humaine, Commentaire d'oeuvre, description d'un monde, personnage, mise en scène, pièce de théâtre
Les Paravents est une pièce de Jean Genet en seize tableaux, éditée en 1961. La rédaction a débuté au tout début de la guerre d'Algérie et prend celle-ci comme contexte. Cet extrait se situe au début du treizième tableau. Les neuf premiers tableaux constituaient une sorte de description de la vie quotidienne d'un Arabe dépourvu d'argent. Au douzième tableau, les Arabes rebelles évoqueront les scènes d'horreur de la guerre : viols, tueries, massacres de bétails et destruction des plantations. Michel Corvin dans la préface du livre, parle du treizième tableau comme des « dernières tentatives de la famille des Orties pour élargir la juridiction du Mal jusqu'au « pays des montres ».
[...] En outre la mention des « déguisements en moukère » rend le personnage cynique et ridicule. Un écart est marqué entre l'homme « brutal » et la femme à la « voix douce » assimilée à la figure maternelle « Tuveux que je leur chante la berceuse des yeux clos ». Cette berceuse assimile le sommeil à la mort et rappelle le pathétique de la situation, non sans une certaine ironie tragique. « La trouille » les rend néanmoins encore humain puisque cela participe de leur condition de mortels et de leur intelligence. [...]
[...] Jean Genet joue sur les apparences entre ce qui est caché et ce qui est offert au regard. Par ailleurs, le paravent donne la tonalité et la localité de la scène : ici le cactus, signifie le caractère aride et désertique du lieu, et plonge le spectateur dans le Maghreb. La borne indique le fait que la scène se déroule au bord d'un chemin, mais paradoxalement, une borne a pour rôle de donner des indications en terme de localité, or sur celle-ci « on ne peut rien lire ». [...]
[...] Cela participe du caractère pitoyable de la scène, avec les vêtements « en loques » et suggère une certaine vanité de la condition humaine. En effet, le gendarme incarne l'ordre et la rigidité se manifeste dans la manière dont il « conduit » sa femme, à savoir comme un cheval. Nous avons ici une animalisation de la femme conduite à la trique. Dans le troisième mouvement, si la sujétion des femmes prend part à la coloration orientale de la pièce toutefois ici le gendarme va au-delà en la réduisant à l'état d'animal puisqu'il la fait trotter : l'emploie de l'impératif ainsi que le fait qu'il la frappe renforcent le caractère autoritaire du personnage. [...]
[...] Deux couples arrivent sur scène chacun d'un côté différent, ce qui souligne bien leur opposition. Saïd et Leïla arrive de la gauche, qui peut représenté les sentiments et le passage du passé vers l'avenir Le tableau met en scène la déroute et la fuite, du fait des vêtements déchirés du gendarmes et de sa femme, de la « voiture d'enfant encombrée de valises multicolores » ainsi que du fait que Saïd et Laïla soient exténués. La boue sur l'uniforme peut symboliser le fait que le gendarme est souillé physiquement et moralement, cela montre aussi l'échec de l'ordre qu'il incarne. [...]
[...] » Nous pouvons voir dans cette image du cheminement et de l'errance une métaphore de la vie, les personnages exténués pouvant faire allusion à une nouvelle Odyssée, un retour chez soi après la guerre. Ou bien nous pouvons voir dans la présence d'une figure masculine représentant un héros qui tente de renverser l'ordre, un révolté, un paria accompagné d'une figure féminine tous deux en fuite un parallèle avec Oreste et Electre poursuivis par les Erynnies dans l'Orestie d'Eschyle, le cactus pouvant symboliser les Erynnies. [...]
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