Il est admis par tous que :
- L'écoulement du temps est inéluctable
- Les effets suivent les causes
- Le passé est inchangeable.
En violant successivement ces trois principes, on peut imaginer une histoire alternative qui appréhenderait une nouvelle relation au temps.
Il existe deux temps en narratologie : l'ordre des événements tels qu'ils sont arrivés et l'ordre dans lequel ils sont actualisés dans le discours. (Deux temps que la narratologie allemande différencie avec les termes de erzählte Zeit et Erzählzeit : temps raconté et temps du récit.)
[...] L'inversion temporelle dans le récit est donc finalement un défi que se lance l'écrivain : une difficulté à surmonter. Bien que le monde créé soit relativement absurde, le lecteur s'y retrouve, le monde fictionnel est herméneutique. Les paradoxes narratifs sont en fait les trous d'un fromage suisse : ils tiennent entre eux grâce à la structure des événements rationnels. Ils sont l'inimaginable au cœur d'un monde imaginable. Le lecteur répond de trois manières différentes aux paradoxes temporels : - logiquement, en les mettant à part afin qu'ils ne n'affectent pas le reste de l'histoire ; - philosophiquement, comme expériences déstabilisantes, - et émotionnellement en s'identifiant aux personnages touchés par l'irrationnel et l'absurde. [...]
[...] Paradoxes temporels dans le récit, Marie-Laure Ryan Il est admis par tous que : - L'écoulement du temps est inéluctable - Les effets suivent les causes - Le passé est inchangeable. En violant successivement ces trois principes, on peut imaginer une histoire alternative qui appréhenderait une nouvelle relation au temps. Il existe deux temps en narratologie : l'ordre des événements tels qu'ils sont arrivés et l'ordre dans lequel ils sont actualisés dans le discours. (Deux temps que la narratologie allemande différencie avec les termes de erzählte Zeit et Erzählzeit : temps raconté et temps du récit.) On peut donc essayer de penser une histoire où le temps coule en arrière, où la direction du temps change, ce qui est le cas dans Counter-Clock Time de Philip K. [...]
[...] L'histoire ressemble à un film que l'on rembobinerait. Toutes les tâches de la vie quotidienne sont à l'envers : les hommes se rasent le soir en se collant des poils sur le visage. Il est presque impossible de penser à inverser tous les détails de la vie, et en même temps on ne peut pas considérer que l'auteur en a oublié : aucune règle n'est définie, l'écrivain peut choisir les flèches à prendre en compte. Pourtant, dans un certain sens, cette entreprise est vaine. [...]
[...] Lisa, une patiente fictionnelle de Freud, souffre dans son sein et son ovaire gauche. Freud diagnostique une hystérie et une homosexualité réprimée. Le texte se clôt sur le viol de Lisa, où elle se fait piétiner par un soldat, écrasant son sein et son ovaire gauche. Alors qu'habituellement, la psychanalyse attribue une valeur inconsciente aux douleurs : on souffre de notre passé, ce livre développe l'idée selon laquelle les douleurs sont en fait une sorte de vision prophétique de l'inconscient. [...]
[...] Et pourtant, même si les lois de la nature ne semblent pas définir un sens d'écoulement par rapport à l'autre, la nature semble en préférer l'un des deux : un phénomène part d'une source pour s'accomplir. On naît puis on meurt. Le temps est soumis à la flèche biologique. De plus, la cause précède les effets. C'est la flèche causale : une chose en provoque une autre. La flèche cognitive illustre l'inconnu que représente le futur par rapport au caractère connu du passé. De la même façon, on considère la flèche intentionnelle : le futur est l'ensemble de tous les possibles. [...]
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