Proposition de commentaire du discours de Pangloss, contenu dans le chapitre premier de Candide. Faux philosophe flatteur et verbeux, Pangloss, dans une prise de parole délicieusement absurde, fait preuve de sa pédanterie ici satirisée. Le commentaire est bâti à partir de deux axes principaux.
[...] Ces trois adverbes, accompagnés d'une gradation de leur nombre de syllabes, amorcent le discours de Pangloss en l'explicitant clairement. S'y lit alors la certitude philosophique de cette leçon enseignée à Candide, qui peut être vérifiée : grâce à l'adverbe visiblement l'exemple énoncé par Pangloss en plus d'être évident, peut être constaté et vérifié par la propre perception visuelle de chacun. C'est alors que le docteur s'inscrit dans une démarche philosophique caractéristique des Lumières. Intervient aussi l'utilisation de connecteurs logiques au fil du discours de Pangloss : car aussi et aussi et par conséquent ; en plus d'expliciter le raisonnement de Pangloss, ils contribuent à l'efficacité de la structure argumentative de la leçon du maître qui devient une explication rationnelle et logique. [...]
[...] Dès le premier chapitre de l'œuvre, Voltaire met en place un monde complètement illusoire et clos reposant sur une philosophie de pacotille. Le discours de Pangloss, sous une fausse logique, laisse percer la dénonciation d'une philosophie d'imposteurs qui fonctionne sur une apparence de raisonnement, en réalité vide de tout contenu et de toute logique. En quittant ce paradis d'illusions, Candida mettre à l'œuvre l'enseignement de son mentor, en le confrontant à l'expérience du monde : il sera continuellement tiraillé entre optimisme et désillusions. [...]
[...] Enfin, comme tout raisonnement pertinent se dessine une conclusion ; celle-ci valorise le mentor de Candide qui accède au statut de correcteur : [ils] ont dit une sottise : il fallait dire Cet imparfait sonne la fin du discours en rehaussant Pangloss en savant qui remet en question d'anciennes philosophies. En réalité, la philosophie de Pangloss est complètement absurde. Derrière un raisonnement qui se veut logique se profile l'ignorance d'un phraseur, prisonnier de théories et d'a priori. En premier lieu, le nom même de Pangloss est parodique. Signifiant toute langue en grec, son appellation met en lumière la vacuité du personnage et de sa philosophie. [...]
[...] Aussi, à travers les verbes peuvent est avons sont a mangeons ont Pangloss ne cesse d'avoir recours à l'indicatif. Mode de la réalité, son emploi se justifie par la certitude de Pangloss face à son enchaînement d'assertions. Quant au présent, il prend une dimension de vérité générale qui confirme la logique imposé par Pangloss : ses idées deviennent presque universelles ; cette universalité est renforcée par l'utilisation du pronom inclusif nous nous avons des chausses ) et de tout réitéré à quatre reprises en position stratégique : deux dans la première phrase du raisonnement, deux dans la dernière. [...]
[...] Cette incohérence ironique permet à Voltaire de critiquer l'illogisme de ce courant de pensée qui s'accroche à une idée unique : tout est [pour le] mieux [dans le meilleur des mondes possibles] Quant à Pangloss, il réduit la philosophie de Leibniz à un slogan ; en fait, selon Voltaire, les optimistes sont de faux philosophes qui évitent d'affronter de véritables questions existentielles. En effet, en affirmant que tout est au mieux et donc en niant l'existence du mal, ils s'arrangent pour ne pas être confrontés à une réelle aporie intellectuelle : l'origine du mal. La malice de Voltaire achève ici l'incongruité du personnage de Pangloss, geôlier de théories absurdes. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture