Fouad Laroui, auteur et économiste marocain vivant aujourd'hui à Amsterdam, nous présente dans son ouvrage L'Oued et le Consul (recueil de nouvelles publié aux éditions Flammarion - collection Etonnants Classique) une vision bien à lui de son pays natal en mêlant la fiction à la réalité. En se demandant s'il écrit uniquement pour choquer son auditoire, nous verrons comment l'auteur critique les sociétés coloniales et dénonce le pouvoir marocain, puis comment il fraternise avec les lecteurs en leurs faisant partager ses enthousiasmes et ses sentiments (...)
[...] L'auteur démontre cet aspect par l'utilisation de procédés d'écriture : des hyperboles Jeep étincelante d'arrogance» ; soleil de feu ; l'aventurier au long cours l'animalisation de la Jeep sa monture ; feulement (cri du tigre) ainsi qu'un registre ironique Je les connais (préjugé sans aucun fondement) ; Allez, oust, oust (ordre donné par le consul aux Marocains) qui confirme un réel sentiment de supériorité des finlandais par rapport aux Berbères. Une perception qui révulse Fouad Laroui qui, ici, critique aussi l'individualisme et le cynisme européen. [...]
[...] Fouad Laroui tient aussi à montrer la pauvreté du Maroc, par de nombreuses fois dans le recueil. On la voit dans L'oued et le Consul, caractérisée par le Berbère édenté ce qui indique aussi un réel problème d'hygiène, ou encore dans la nouvelle Des yeux pour ne plus voir, le héros «n'a même pas de chemise L'auteur montre aussi, dans Stridences et Ululations, le Maroc comme un grand ensemble où il n'y aurait aucune liberté privée, caractérisé par la métaphore ou Fouad Laroui définie le ballet infini de voiture comme un orchestre avec son chef, le policier de circulation. [...]
[...] Toujours dans l'esprit de choquer ses lecteurs, Fouad Laroui condamne aussi le traitement réservé aux femmes marocaines. Dans Tu n'as rien compris à Hassan II , dans un registre tragique, le personnage pense à la condition des femmes en voyant celle qui est assise au comptoir cette femme me dit quelque chose - je ne sais pas quoi - peut-être me parle-t- elle de la moitié du monde, si souvent méprisée, oppressée . La métaphore utilisée la moitié du monde connote ici les femmes du Maghreb. [...]
[...] Fouad Laroui s'exprime dans ses nouvelles le plus souvent à travers un registre ironique comme Le Tyran et le Poète et un registre ironique comme L'Oued et le Consul pour briser la gravité d'une situation marocaine qui touche réellement l'auteur. Fouad Laroui est un auteur complet qui sait manier tous les styles de la littérature française, fort de son éducation européanisée, en effet il a suivi ses études dans un lycée français. C'est un écrivain engagé qui, comme ses modèles d'écriture (Zola, Flaubert sait toucher ses lecteurs par des histoires censés et qui remettent en questions les sociétés européennes et nord-africaines. [...]
[...] Cette nouvelle est écrite dans un registre tragique la période Oufkir la plus mauvaise période de l'histoire marocaine, mais aussi, une nouvelle fois, dans un registre ironique avec les interventions fréquentes des interlocuteurs de Moha, l'utilisation volontaire d'un langage soutenu qui n'est pas le sien Je ne vous cèle pas les défauts du géniteur ainsi qu'une personnification, le sucre attend sa dissolution qui montre d'une façon quelque peu détournée la longue attente de Moha et de sa famille. Dans Nos pendus ne sont pas les leurs, en pensant, le personnage (narrateur inconnu énonciation à la première personne) compare les polices marocaines et anglaises Ce n'est pas la mort que je crains, c'est la police. Celle qui arrête tous les hommes valides ( ( en Angleterre . [...]
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