La pièce d'Ondine de Jean Giraudoux a été écrite en 1938, mais le processus d'écriture s'étale sur prés de 30 ans. Elle a été jouée pour la première fois en 1939 dans une mise en scène de Louis Jouvet qui interprétait également le rôle de Hans. Un soir d'orage, un chevalier accepte l'hospitalité et le repas du pêcheur, il demande notamment une « truite au bleu ». Puisqu'il est bavard, il évoque sa vie aventureuse : on apprend ainsi que c'est par amour pour Bertha, qu'il accepte de traverser la forêt, pleine de périls. Il a donc un engagement auprès de Bertha : les fiançailles auxquelles il invite même Auguste et Eugénie. Après les marques d'hospitalité embarrassées du couple, l'entrée brusque d'Ondine marque un brutal changement de ton, sa franchise va choquer. Elle fait preuve d'une grande spontanéité. Son entrée permet aussi d'introduire le thème central de l'amour. La scène se compose en deux parties bien distinctes, avec : une déclaration d'amour enflammée d'Ondine, qu'Auguste tente d'étouffer de manière embarrassée; puis; la réaction de colère brutale d'Ondine quand elle apprend que sa « mère » a fait une truite au bleu, puis elle disparait.
[...] Ondine ou la liberté Ce qui caractérise Ondine, c'est la liberté dans ses paroles, elle a une parole libre, affranchie. Elle s'adresse de la porte, où elle est restée immobile, ce qui suppose qu'elle parle fort. Elle ne respecte pas les conventions sociales, car elle dit tout haut ce qu'on peut penser tout bas. Auguste joue l'intermédiaire, il s'adresse tantôt au chevalier, tantôt à Ondine, il éprouve de la honte et essaye de la remettre dans le rang : vas-tu te taire petite effrontée Il tente d'excuser le comportement de sa fille qui n'a pas de savoir-vivre : elle n'a pas d'usage Auguste est donc pris entre les deux. [...]
[...] Désormais elle le vouvoie, alors qu'auparavant elle le tutoyait. Mais le vous ensuite s'adresse plutôt aux chevaliers en général. Elle va ensuite finir par s'en prendre aux hommes, elle en veut à l'humanité toute entière. Elle utilise le sarcasme (ironie méchante) : c'est ça la chevalerie ? Ici elle désigne le courage du chevalier qui est marqué par l'antithèse géant [ ] petit être Elle le traite aussi de bête par une métaphore, elle met donc en avant sa cruauté et son manque de réflexion : vous ne comprenez rien à rien Puisque sa colère s'étend, elle passe des paroles aux gestes : elle jette la truite On a donc vu ici l'aspect cholérique et impulsif d'Ondine qui est marqué par l'emploi ; également; de phrases exclamatives. [...]
[...] Une première déception de la race humaine Cette première scène de rencontre est originale, car elle introduit déjà l'opposition de deux mondes impossibles à concilier : le monde des humains et le monde des Ondins. Ondine a un amour absolu, fatal, elle a une vision très noble de l'amour. Elle est la perfection tentée par l'imperfection des hommes. Petit à petit, Ondine s'aperçoit que le monde des humains est fait de mensonges et de limites. Elle a une vision conforme à celle de la nature, alors que Hans a une vision humaine de l'amour. Elle va donc être déçue au fur et à mesure par les hommes. [...]
[...] La première rencontre entre Hans et Ondine est importante, car elle permet d'introduire le fil conducteur de la pièce : l'amour fatal, qui va jusqu'à la mort, c'est un enjeu dramatique. On a ici un coup de foudre d'Ondine, mais l'originalité est de mêler ce coup de foudre à une première déception, une désillusion d'Ondine sur le monde humain. Ondine a reçu des avertissements et c'est le pacte passé par la suite, qui donne une dimension tragique à la pièce. [...]
[...] On se propose d'étudier l'originalité de la scène de première rencontre. Pour cela, nous étudierons d'abord la composition de la scène, puis la liberté du personnage d'Ondine, pour enfin voir que cette scène de première rencontre est en fait une déception d'Ondine sur la race humaine. I. Une scène en deux parties L'originalité de la scène est de faire succéder très rapidement une action d'amour et de haine. Le spectateur doit comprendre que le personnage d'Ondine est entier, absolu dans ses dires, avec des changements d'humeur brutaux. [...]
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