Ainsi, par les deux vitalismes en conflit que peint Zola dans ce passage, une réflexion sur l'art, habilement insérée dans le récit, fait irruption dans la scène. D'ailleurs, notons que l'auteur s'est beaucoup interrogé sur la peinture de son temps. La piste de la réflexion artistique est ainsi pertinente pour l'analyse de ce passage.
[...] Quel est son objet ?Est-ce la nature ou l'idée, le visible ou l'invisible ? le monde intérieur ou une réalité extérieure ? Ces questions, le peintre génial n'y accorde que peu de crédit s'abîmant sans répit dans les affres et les sommets de l'absolu qu'il cherche vainement à atteindre. Il voudrait faire tenir toute la nature sur sa toile Bien sûr, c'est le rêve de chaque artiste, mais ces horribles travailleurs bien que progressant à chaque époque, remarquent inévitablement la même lacune : comment faire tenir toute la nature sur la toile, la nature humaine, dans sa profondeur et son exhaustivité, dans sa chair et dans son souffle ? [...]
[...] Les portraits deviennent un véritable personnage, qui bien qu'étant prisonnier de son immobilité d'image est présenté comme une concubine C'est dans l'expression de la souveraineté de l'art que le lecteur s'aperçoit de la puissance du mensonge, de l'illusion, par rapport au tangible et au réel. Mais Claude, lui n'est pas convaincu de cette vie qui animerait les portraits, et c'est cette question qui conduit la réflexion du texte. Quel est en effet le rôle de l'artiste, s'il n'est contraint qu'à produire une pure mimesis ? En quoi consiste l'imitation artistique ? Qu'est-ce qui la distingue de la ressemblance, de la copie, de la reproduction, de l'illusion ? Quelle est sa fonction : est-elle au service du mensonge ou de la vérité ? [...]
[...] Commentaire composé L'œuvre, Emile Zola. Chapitre IX Ainsi, par les deux vitalismes en conflit que peint Zola dans ce passage, une réflexion sur l'art, habilement insérée dans le récit, fait irruption dans la scène. D'ailleurs, notons que l'auteur s'est beaucoup interrogé sr la peinture de son temps. La piste de la réflexion artistique est ainsi pertinente pour l'analyse de ce passage. Il conviendra donc en premier lieu d'étudier les relations ambiguës qu'entretiennent la représentation et la réalité à travers les mois de travail de Claude, le peintre de l'Œuvre. [...]
[...] En effet, lorsqu'un écrivain parle de peinture, quelque part, il parle aussi de littérature. Ce lien, c'est Horace qui l'a établi dans sa Poétique, avec le fameux ut pictura poesis la poésie est comme une peinture. Le problème le l'imitation soulevé est le même en littérature, et même de manière très pertinente chez un écrivain que l'on a qualifié de réaliste et même de naturaliste L'écrivain en effet est aussi confronté au problème de la captation la plus essentielle du réel et de ses personnages, dans son action démiurgique de la composition d'un roman. [...]
[...] Ainsi, ce rien dont il parle, qui manque à sa toile, incarne le sempiternel problème de l'art et de son rapport au réel. L'artiste, par différents moyens, tente de dépasser cette opposition, ou du moins ce hiatus, mais Claude n'est pas un artiste comme les autres Il est l'héritier de la tare de la tante Adélaïde, et même s'il réussit à la sublimer par l'art, il ne la dépasse jamais. Enfin, nous pouvons remarquer que cette irruption de la réflexion artistique dans la trame du récit n'est pas anodine chez Zola, le fin penseur et critique d'art. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture