Qu'on le croie ou non, qu'on le veuille ou non, la poésie accompagne tous les moments de notre vie… C'est ainsi que le poème de R. Desnos intitulé Ô jeunesse peut être mis sur le même plan que des poèmes de P. de Ronsard ou de C. Baudelaire sur le temps qui passe. Il s'agit ici d'un « sonnet » moderne publié de façon posthume en 1943, et qui évoque la fin de la jeunesse. Nous allons essayer de comprendre pourquoi il nous touche si intensément.
[...] I Un poème narration ? Une situation romanesque : La fin d'une fête est bien imagée, avec les vers 2 à 4 et on peut remarquer l'expression qui fait basculer le texte de la narration au poème et des rêves Les mots banquet et parquet évoquent une fête, un repas, une salle de bal, mais ici tout est fini les noces s'achèvent les convives s'en vont (allitération en v qui renforce cette impression de fin : voici, s'achèvent, convives, s'en vont, vin).Cette situation est celle qui va justifier tout le poème, lui donner son sens. [...]
[...] Un rêve ou un cauchemar : En outre, on peut remarquer que dans ce poème, à part la personnification matricielle de la jeunesse, il y a assez peu de figures de style, mais toutes renforcent l'idée de fin : reliques et bouquet »(zeugme), midi flambant (métaphore), des danseurs et des rêves,(zeugme).Rien n'est réel à proprement parler, le poète évoque deux situations de fin : fin d'une fête, vers 1 à fin d'une histoire d'amour quelque amant malheureux vers 4 à 7.La rime en ève des vers 1 et 4 contribue à cette interprétation. Le champ lexical, très bref cependant, de la tristesse renforce cette impression de passer du rêve au cauchemar, de la jeunesse à l'âge adulte : malheureux, pleurant. [...]
[...] la pointe finale De fait, les derniers vers du poème, de manière encore tout à fait traditionnelle se forment comme une pointe et le poète évoquent, non plus sa tristesse devant la jeunesse qui s'en va, mais sa force nouvelle j'écouterai monter l'océan dans mon cœur Le vin, ici, n'est plus seulement un élément de la fête amis un élément de la vie monter l'océan dans mon cœur c'est entendre sa propre vie qui bat, c'est accepter le temps extérieur en soi, c'est se soumettre à la loi du temps. Ce stoïcisme est proche de celui de Ronsard mais il peut également s'expliquer par la participation à la Résistance de R. Desnos. Il y a donc, à travers le vin, un rapprochement entre l'extérieur et l'intérieur, comme on peut le voir aux mots mis à la rime bouteilles et cœur Le poème de déploration devient ici un poème de combat. [...]
[...] La poésie peut parler de tout en toute liberté avait écrit R. Desnos : ce poème nous parle sans doute de lui. On peut sans doute retrouver dans des poésies d'aujourd'hui ce mélange de tradition et de force : Midi vingt de Grand Corps malade n'est-il pas un texte sur le temps qui passe et la force de survivre ? [...]
[...] la fin d'une vie qu'on aperçoit : Dans le même ordre d'idées, ce poème peut nous faire penser à un poème de déploration ; en effet, c'est la fin de la jeunesse qui est ici évoquée, mais, et c'est peut-être dû à la guerre qui sévissait au moment où celui- ci a été écrit, il n'y a pas d'âge adulte. C'est la mort qui semble ici suivre la jeunesse et il ya un pessimisme profond dans le vers midi flambant fait pressentir le crépuscule On peut noter aussi cette tristesse dans le vers le cimetière est plein d'amis qui se bousculent où, par deux fois plein et bousculent on nous montre que les morts sont nombreuses (métaphore /hyperbole). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture