"Nuit rhénane" d’Apollinaire

Résumé du document

Guillaume Apollinaire est l'un des principaux poètes français du début du XXe siècle, auteur notamment du "Pont Mirabeau". Il pratique le calligramme (terme de son invention désignant ses poèmes écrits en forme de dessins et non de façon classique en vers et strophes). Il est le chantre de toutes les avant-gardes artistiques, notamment le cubisme, poète et théoricien de l'Esprit nouveau, et précurseur du surréalisme dont il a forgé le nom.

« Nuit rhénane » ouvre le cycle des neuf poèmes rhénans qui s'inscrivent dans le recueil Alcools, recueil duquel Apollinaire a ôté toute ponctuation. Cette place qu'il occupe n'est pas un hasard : il regroupe les thèmes majeurs de cette série de poèmes, à savoir le Rhin, la femme et le rêve.
La forme de ce poème est duelle : les vers sont des alexandrins et les rimes sont croisées (ABAB) mais ils ne forment pas tout à fait un sonnet (il manque un vers). Ainsi, l'aspect classique que ce poème pourrait laisser entrevoir de prime abord est totalement contrebalancé par l'absence de ce dernier vers.

Extraits

[...] Que signifie cette rupture temporelle ? Le passe composé, comme tous les temps à formes composées, envisage le procès au- delà de son terme final, par opposition aux formes simples dans lesquelles le procès est vu dans son développement, avec des limites de début et de fin. Ainsi, tandis qu'avec le présent, l'évènement peut être observé de l'intérieur, lui conférant un aspect sécant, le passé composé est le temps du discours par excellence indiquant que le procès passé se prolonge dans le présent. [...]

[...] Elles peuvent tenter de l'ensorceler pour le rendre plus sombre ou au contraire plus brûlant Ainsi le lecteur se trouve-t-il encore plus profondément plongé dans un univers surnaturel et incertain dans lequel lumière et obscurité cohabitent de façon inquiétante pour mieux planter un décor et une atmosphère surréalistes. Dernière strophe D'une façon une fois de plus abrupte et soudaine, le poète sort de sa rêverie : il est rappelé à la réalité par son verre brisé. Bien qu'étonnant de par sa brièveté, il n'en est pas moins riche de signification. [...]

[...] «Nuit rhénane ouvre le cycle des neuf poèmes rhénans qui s'inscrivent dans le recueil Alcools, recueil duquel Apollinaire a ôté toute ponctuation. Cette place qu'il occupe n'est pas un hasard : il regroupe les thèmes majeurs de cette série de poèmes, à savoir le Rhin, la femme et le rêve. La forme de ce poème est duelle : les vers sont des alexandrins et les rimes sont croisées (ABAB) mais ils ne forment pas tout à fait un sonnet (il manque un vers). [...]

[...] Le fait que la chanson du batelier soit lente ajoute une indolence qui met le lecteur mal à l'aise. De même, ces figures féminines sont au nombre de sept (nombre symbolique), sont hors de l'eau puisqu'elles apparaissent sous la lune donc de nuit. Par ailleurs, leur chevelure verte se confond avec l'eau du Rhin qui les imprègne, c'est pourquoi elles doivent les tordre en sortant. Ce qui semble les rendre encore plus dangereuses réside dans le fait qu'elles possèdent un élément qui les rendront irrésistibles auprès de la gent masculine : des cheveux longs jusqu'à leurs pieds Ainsi, loin d'éteindre la flamme évoquée au premier vers, elles sembleraient plutôt capables de l'attiser. [...]

[...] La lune est comparée à Narcisse : elle tombe en se regardant dans le Rhin. La mythologie, qu'elle soit grecque ou rhénane, est donc omniprésente dans ce poème, renforçant l'atmosphère surnaturelle et onirique. Étonnamment, seul le thème de la femme ne paraît pas immédiatement. Cependant, la femme maléfique réapparaît vite dans les deux vers suivants : le batelier est tout à-coup dé personnifié ne laissant plus place qu'à une voix, voix qui fait enfin apparaître ce que le lecteur attendait depuis le début du poème : la mort à en râle-mourir En effet, ce thème de la mort planait sur le poème sans jamais être explicitement traité. [...]