Ce poème est écrit autour de la chanson d'un batelier. Véhicule des légendes, elle va progressivement donner consistance à la rêverie.
L'ivresse qui s'empare du poète touche aussi le Rhin et trouve son indispensable complément dans la séduction du chant. Ainsi, le batelier cristallise la référence du fleuve et les pouvoirs envoûtants de la musique (la chanson lente d'un batelier, vers 2). C'est elle qui achève d'enivrer le poète, lui qui se laisse gagner par sa magie, que l'impératif Écoutez (vers 2) et le rythme alangui des vers de la première strophe témoignent (...)
[...] Premier du cycle, ce poème en est réellement représentatif (mythologie du Rhin, description d'un paysage rhénan, atmosphère onirique et surnaturelle et le thème de la femme) et sa spécificité tient à la mise en œuvre de figures empruntées à la mythologie germanique occidentale, les Ondines (génies des eaux). Dotées d'une séduction certaine, elles ont un pouvoir maléfique qui entraîne le poète dans un univers surnaturel inquiétant. Une ambiance envoûtante Dans ce poème, Apollinaire parvient à créer une atmosphère empreinte de mystère et d'inquiétude. L'ivresse Elle semble bien être le prétexte initial du poème. [...]
[...] Elles symbolisent l'aspect rassurant de la réalité : sagesse de la coiffure, permanence et subtilité du regard, luminosité de la chevelure (s'opposant à la nature nocturne des Ondines : sous la lune, vers 3). Ainsi, sécurité du réel et sortilège démoniaque s'incarnent et se combattent dans ces deux types antithétiques de femmes. III- Interprétation Comme cela a déjà été évoqué, la chanson du batelier associée à la magie des Ondines font de ce poème un moment d'illusion, de rêve, mais aussi de lutte contre les forces du mal. Les femmes aux cheveux verts (vers 12) obsèdent le poète et le maintiennent sous leur charme. [...]
[...] L'alcool a trompé le poète et lui a fait accepter ses chimères comme authentiques. Ainsi, le vin provoque le glissement du réel dans l'hallucination. De plus, la dimension onirique du poème est confortée par l'absence de ponctuation, et notamment de guillemets, qui crée une confusion entre la narration, les propos du poète et le texte de la chanson : une confusion qui contribue évidement à donner une atmosphère d'illusion. L'eau C'est celle du fleuve, le Rhin, qui participe à la métamorphose du réel, étant à l'origine de multiples légendes. [...]
[...] C'est elle qui achève d'enivrer le poète, lui qui se laisse gagner par sa magie, que l'impératif Écoutez (vers et le rythme alangui des vers de la première strophe témoignent. Cette chanson du batelier rend toujours l'ivresse plus forte, et l'étymologie du verbe chanter prouve cette étroite relation entre le pouvoir démoniaque des Ondines et cette chanson. En effet, chanter est issu de la racine latine canter qui naturellement rappelle le verbe incanter (mot inventé par Apollinaire qui suggère les accents étranges et funestes de la chanson), comme les Ondines qui incantent l'été (vers 12). C'est ainsi que la chanson du batelier est liée à la magie des Ondines. [...]
[...] Conclusion Ce poème musical est caractéristique de l'écriture d'Alcools. Néanmoins, il évoque un moment de grande faiblesse émotionnelle chez Apollinaire qui y évoque une femme fatale qui fait succomber tous les hommes, son aspect surnaturel renforçant la fatalité de son charme : alors qu'Annie Playden lui a fait savoir son désintérêt, elle lui inspire, sous l'effet des vapeurs de l'alcool, une vision de femme démoniaque s'emparant du poète comme d'un prisonnier condamné à l'échafaud, et le libérant au dernier moment en brisant le verre en un éclat de rire. [...]
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