Nuit de Mai, Musset, 1835, mort du Pélican, mouvement Romantique, inspiration poétique
Musset écrit ce poème à la suite de sa rupture avec sa maîtresse, George Sand et d'une période de stérilité poétique de quelques mois. Il compose jusque-là de nombreuses pièces de théâtre comme On ne badine pas avec l'amour, Les caprices de Marianne ou Lorenzaccio.
Plus qu'un poème biographique, Nuit de Mai a des allures de manifeste ou d'Art Poétique du Romantisme.
[...] Le Poète se fait ici démiurge, créateur et immortel à l'image de Dieu. Les plus désespérés sont les chants les plus beaux//Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots À l'image de Dieu et du Christ mort et ressuscité, le poète par sa souffrance, source de création vivra pour l'éternité grâce à la postérité conférée par son œuvre immortelle Ce poème fonctionne donc bien comme un apologue. Le récit tragique de la mort du pélican venant illustrer un véritable Art Poétique Romantique. [...]
[...] Cette conception lyrique et très personnelle de la poésie est caractéristique du mouvement Romantique. Cette dernière réplique de la Muse pourrait être considérée comme un poème indépendant aux allures de fable. Il y a deux injonctions de la Muse, qui ne sont pas sans rappeler les morales des fables. À travers le récit tragique de la mort du Pélican (texte narratif), Musset nous propose une réflexion sur l'inspiration poétique (texte argumentatif). Dans un premier temps nous allons montrer que ce texte reflète le récit tragique de la mort du Pélican. [...]
[...] Le récit de la mort du Pélican du vers 9 au vers 37 pourrait constituer un poème à part entière. Premièrement on peut se demander s'il s'agit d'une fable. D'abord on est en présence d'un schéma narratif. On retrouve une situation initiale, le pélican recherche de la nourriture pour nourrir ses petits. L'élément perturbateur est le fait qu'il n'en trouve pas. Les péripéties sont le fait qu'il décide de se sacrifier en offrant son cœur. La situation finale est le fait qu'il meurt. [...]
[...] Ensuite on peut constater une plainte lyrique, le champ de l'expérience personnelle de Musset. La Muse conseille à Musset de nourrir son poème de la douleur née de sa rupture avec l'écrivain George Sand. Quel que soit le souci que ta jeunesse endure,//Laisse-la s'élargir, cette sainte blessure ( ) Elles tracent dans l'air un cercle éblouissant,//,Mais il y pend toujours quelque goutte de sang. La Muse s'impose comme un guide avec l'impératif de conseil : laisse-la s'élargir cette sainte blessure Quel que soit le souci que ta jeunesse endure et quand ils parlent ainsi d'espérances trompées, De tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur sont des périphrases désignant la rupture avec George Sand. [...]
[...] Ensuite nous sommes du côté du désespoir. Lui, gagnant à pas lents une roche élevée,//De son aile pendante abritant sa couvée,//Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux. sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte ; vain il a des mers fouillé la profondeur ; //L'Océan était vide et la plage déserte ; //Pour toute nourriture il apporte son cœur. À l'inverse, le Pélican semble accablé et désespéré. Là encore le réseau lexical et le réseau phonétique se mêlent autour d'une allitération en , un son qui est d'avantage fermé, plus pesant. [...]
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