Nuit à la belle étoile, "Les Confessions" de Rousseau

Résumé du document

Jean-Jacques Rousseau a été un des premiers grands maîtres de l'autobiographie. En effet avec Les Confessions, parues à titre posthume entre 1782 et 1789, le philosophe nous dévoile en douze livres sa vie telle qu'il la voit. Rousseau nous prévient dans sa préface que son portrait est dessiné " dans toute sa vérité ".

L'extrait présenté nous présente Jean-Jacques, à la fin du livre IV, sans argent, après s'être fait agresser par deux fois. Il est condamné à choisir entre manger ou dormir sous un toit : il opte pour le pain et explore la nature à Lyon. Il dort à la belle étoile et nous fait part de cette expérience. Il est intéressant de voir comment Rousseau réussit à être heureux par ce souvenir. Comment le Rousseau âgé, rédacteur des Confessions, parvint-il à trouver du bonheur en réunissant ses souvenirs d'escapade dans la nature ? Rousseau développe dans cet extrait un amour incommensurable pour la nature en organisant ses souvenirs pour obtenir, par l'autobiographie, une forme de sa philosophie.

Extraits

[...] On peut relier le texte avec le tableau Le Voyageur contemplant une mer de nuages de Casper David Friedrich. L'union de Rousseau avec la nature relève de la perfection. Les sens de Jean-Jacques sont plus éveillés que dans n'importe quel endroit. Rousseau déclare : " livrant mes sens et mon cœur à la jouissance de tout cela En effet, on retrouve le champ lexical se rapportant aux cinq sens : " la rosée humectait l'herbe flétrie " (odorat), " vapeurs rouges " " rossignols qui se répondaient de l'un à l'autre " (ouïe), " mes yeux, en s'ouvrant, virent l'eau " " je m'endormis à son chant " (ouïe) Une figure maternelle et protectrice La nature est avec lui protectrice. [...]

[...] Malgré le passé des faits, Rousseau nous donne à voir ses souvenirs. Au XXIe siècle, il existe toujours une nature, vivante et fraîche, la même qu'au XVIIIe siècle. Dualité du souvenir : ancré dans le réel et transporté dans les rêveries (étude de la structure du texte) Rousseau commence par une phrase relevant du registre pathétique : " C'était souffrir assurément que d'être réduit à passer la nuit dans la rue Il emploie deux noms propres Lyon " et " mademoiselle du Châtelet On le découvre sans le sou par la phrase : " J'aimais mieux employer quelques sous qui me restaient à payer mon pain que mon gîte, parce qu'après tout je risquais moins de mourir de sommeil que de faim. [...]

[...] Elle est ici utile à plonger encore plus dans le récit, s'imaginant Rousseau continuant gaiement sa promenade. La fonction de l'écriture pour Rousseau : être heureux, partager ce sentiment et s'affirmer Rousseau, par ce texte, sort de la trame narrative de son autobiographie par le " Je me souviens même On se trouve hors de la ville, hors du temps. Rousseau veut faire partager son bonheur au lecteur. La multitude de détails invite le lecteur à s'engouffrer dans les sinuosités de la nature. [...]

[...] On peut penser que c'est un souvenir d'enfance tout comme la chanson, qu'il eut plus de mal à déclamer, dans le livre premier des Confessions. C'est un rappel de la mère par métonymie : Rousseau n'ayant pas connue sa mère il l'identifie à toute la période de son enfance, propice à l'apprentissage de la cantate. Jean-Jacques vit un rêve éveillé : il s'élève vers les cieux Le champ lexical du bonheur intense jouissance " extase " de si bonne humeur nous montre la joie dans laquelle Rousseau plonge avec ses promenades. [...]

[...] On note en effet le sens polysémique de " réflexion Outre le reflet du soleil sur l'eau, le mot désigne l'action de penser. On retrouve l'insouciance de Jean-Jacques jeune grâce à la plume de Rousseau vieux. On ne sent aucunement la nostalgie : Rousseau est resté le même. Sa philosophie est toujours : " Je n'avais pas le moindre souci sur l'avenir Conclusion Rousseau, décide donc de résumer dans cet extrait, toutes ses escapes nocturnes dans la campagne lyonnaise. Il prend beaucoup de plaisir à détailler les caractéristiques d'une nature parfaite et protectrice, tout en exprimant sa philosophie. [...]