Nouveaux lundis, Sainte Beuve, Contre Sainte-Beuve, Proust, critique scientifique, critique littéraire
Au XIX ème siècle, Sainte Beuve s'impose comme la figure de la critique nouvelle notamment par sa réflexion sur le genre littéraire même et par son œuvre: Nouveaux lundis. Il hésite entre une critique scientifique tentant de tracer une histoire naturelle des esprits ou à l'inverse littéraire qui chercherait à comprendre l'œuvre par son auteur notamment. Un siècle plus tard environ, l'ouvrage de Proust, Contre Sainte-Beuve, est publié à titre posthume où celui-ci s'attaque à la conception du critique si reconnu. Sur quelle question se pose le désaccord? Sur la base même de la réflexion sur une œuvre. Doit on aborder une œuvre par l'étude de son créateur ou les deux notions sont elles totalement indépendantes ?
[...] De plus le scientisme a montré des côtés extrêmement négatifs dans son évolution historique et nous paraît inquiétant de notre point de vue moderne. De plus , il me fallait absolument réhabiliter l'œuvre de Stendhal en tant qu'elle ne peut être repoussée sur le simple critère qu'elle est trouvée «détestable» du fait de son auteur. Quelle conclusion tirer de cette analyse? Pour conclure, il semble que deux esthétiques de la critique s'opposent à un siècle d'intervalle. Sainte Beuve se place comme précurseur du scientisme et soutient que la connaissance de la biographie d'un auteur est indispensable pour la compréhension de son œuvre. [...]
[...] Proust va tenter un siècle plus tard d'opposer des arguments à cette vision restrictive de Sainte-Beuve. Deux visions extrêmement opposées et symétriques s'opposent alors: faut il connaître l'homme pour comprendre l'œuvre ou connaître l'œuvre pour comprendre l'homme? Finalement, la vie d'un artiste a t-il une importance réelle pour le lecteur qui découvre son art? Proust a voulu réfléchir sur la critique avant même d'écrire ses œuvres romanesques. Il crée sa propre esthétique en contradiction avec les grands esprits qui l'ont succédé et par là même établit son propre paradoxe. [...]
[...] Je vais tenter de m'expliquer. Aujourd'hui, l'étude de la vie des auteurs classiques fait réellement parti de notre étude des chefs œuvres. Néanmoins, elle n'est pas utilisée pour interpréter les textes eux mêmes et cette possibilité semble même assez absurde si trop poussée. Bien sur, il me semble qu'une œuvre contient forcément une part de son créateur et j'aime d'ailleurs cette image d'un livre qui serait un bout d'être arraché à son auteur (qui pourrait être délivrance ou souffrance . [...]
[...] «L' œuvre de Sainte Beuve n'est pas une œuvre profonde» dit-il . Pour appuyer sa position, Proust va jusqu'à prendre un exemple précis tiré de l'œuvre de Sainte-Beuve: celui de sa critique de l'œuvre de Stendhal. Le critique a tenté de connaître au maximum la vie de l'auteur par le biais d'auteurs en liaison avec celui-ci et le connaissant lui-même. Néanmoins, pour Proust, cela ne permet pas une réelle approche de l'œuvre en tant que le moi de l'auteur ne peut que se replier face à cette «volonté d'intrusion». [...]
[...] L'auteur ne peut être répertorié selon son caractère habituel, l'homme normal qu'il est. L'auteur est une figure double, bien que «l'autre» soit encore lui . Cette position est donc particulièrement opposée à la vision de Sainte-Beuve et c'est en cela qu'elle est intéressante. Maintenant, que nous avons exposé les arguments mis en place par le critique et puis l'auteur pour défendre leurs propres points de vue, je tenterai de donner mon avis purement personnel qui ne peut réellement trancher entre ces deux esthétiques. [...]
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