Le poème «Notre Vie» appartient au recueil poétique Le Temps déborde publié par Paul Eluard, sous le pseudonyme de Didier Desroches en 1947, un an après la mort de sa femme Nusch le 28 novembre 1946. Ce recueil comprend 13 poèmes répartis en deux groupes autour du poème «Vingt huit novembre 1946» écrit le jour même de la mort de Nusch. Cette composition en diptyque permet au poète d'évoquer ce qu'il était avant la mort de Nusch et ce qu'il est devenu après. Grâce à ce recueil, Eluard exprime alors son moi et aborde des thèmes lyriques comme la célébration de la femme aimée ou le chant de la souffrance d'un poète face à la mort d'un être cher... «Notre Vie» est le onzième poème du recueil et se situe dans la deuxième partie c'est-à-dire après la mort de Nusch. Il exprime donc la douleur ressentie par le poète face à la mort de sa compagne, face au vide laissé par cette disparition. Eluard rappelle le bonheur vécu avec Nusch, mais le bonheur cède la place à l'envahissante et douloureuse présence de la mort. La particularité de ce poème qui est composé de trois quintiles d'alexandrins non rimés est d'inscrire dans sa structure même un système d'oppositions : le passé s'oppose au présent, le bonheur au malheur, l'union à la solitude, la vie à la mort. On peut donc se demander comment le poète rend-t-il sensible son mal-être ? Nous aborderons dans un premier temps l'évocation de leur rupture, avant de se concentrer sur le malheur d'Eluard.
Le poème a pour titre «Notre Vie» et l'on peut légitimement penser qu'il portera sur la vie heureuse de l'auteur et de sa femme, mais ce n'est pas tout à fait le cas. Ce poème est surtout centré sur le drame personnel vécu par le poète après la mort de la femme qu'il aimait. Le texte est donc marqué par la rupture que provoque la mort de Nusch dans sa vie (...)
[...] Ce système d'opposition est à étudier à la lumière du vers huit, vers autour duquel s'organise l'évocation d'un passé heureux et lumineux (vers un à sept) à un présent douloureux (vers neuf à quinze).Le passé est alors associé à la vie, comme le montre le champ lexical de la vie présent uniquement dans la première partie du poème: notre vie, vivre, notre vie, donner la vie. »L'anaphore de notre vie (vers un et six) est systématiquement suivie d'un verbe au passé, suggérant ainsi le caractère révolu des années passées en compagnie de Nusch. [...]
[...] Mais, le tu et le nous, à partir du vers disparaissent c'est à dire que le dialogue est interrompu. Nusch disparaît, devient invisible et les références à la deuxième personne du singulier disparaissent alors au profit du mot mort. En outre, on remarque que le poète se retrouve seul , le couple est séparé par la mort, il ya rupture, comme le suggère le passage de l'union à la solitude (troisième strophe). Le poète non seulement est seul mais, en plus, fait place au silence, il n'y a donc plus de dialogue. [...]
[...] À partir du vers huit la mort est omniprésente, non seulement avec les six occurrences du mot, mais aussi avec des images suggérant l'ensevelissement, ou suggérant la pâleur cadavérique, ou l'absence de vie avec l'absence de regard. La disparition soudaine de Nusch est aussi soulignée avec dans la nuit, et Nusch invisible. La mort est même présente dans la première partie du poème avec ensevelir et la comparaison triviale comme dans un moulin, ou le poète est transpercé, envahi, par la mort. [...]
[...] On peut donc se demander comment le poète rend-t-il sensible son mal-être ? Nous aborderons dans un premier temps l'évocation de leur rupture, avant de se concentrer sur le malheur d'Eluard. Le poème a pour titre «Notre Vie» et l'on peut légitimement penser qu'il portera sur la vie heureuse de l'auteur et de sa femme, mais ce n'est pas tout à fait le cas. Ce poème est surtout centré sur le drame personnel vécu par le poète après la mort de la femme qu'il aimait. [...]
[...] Cette perte des repères se traduit par un épuisement physique, un épuisement moral source des larmes et une confusion sensorielle que révèle le jeu des antithèses visible/invisible sur la terre/sous la terre et la présence de la nuit avec dans la nuit qui rend les choses vues obscures masque d'aveugle et s'oppose à la blancheur du masque de neige. Le poète est lui aussi aveugle, il ne voit ni ne domine plus rien, il appartient à la nuit. De même, la personnification de la mort, comme le montrent les procédés déjà cités précédemment. [...]
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