Walter Scott dans son article sur Hoffmann paru en 1827 décrivait le fantastique de cette façon : un genre "où l'imagination s'abandonne à toutes l'irrégularité de ses caprices et à toutes les combinaisons des scènes les plus bizarres et les plus burlesques". Le mot sur lequel il faut s'attarder dans cette définition est celui de "bizarres". En effet alors qu'une cohérence parfaite s'installe entre le personnage et l'univers merveilleux, dans le fantastique le personnage éprouve un certain malaise face aux phénomènes qu'il perçoit comme étranges. Ainsi Nodier, dans Histoire d'Hélène Gillet (1832), établit une classification des histoires fantastiques : la fausse "dont le charme résulte de la double crédulité du lecteur et de l'auditeur" (chez Perrault par exemple); la vraie qui relate un fait "tenu pour matériellement impossible et qui s'est cependant accompli à la connaissance de tout le monde" et enfin celle qui est vague et laisse "l'âme suspendue dans un doute rêveur et mélancolique" (...)
[...] Le monstre Quasimodo Cependant l'étrangeté de Quasimodo ne s'arrête pas là. Au delà de l'animalisation du personnage et donc de l'effacement de son caractère humain on note également une suppression de tout ce qui le rend humain dans le sens d'être vivant. En effet il est le plus souvent nommé la créature ou la bête par les autres personnages avec par exemple petit monstre» ou malheureuse créature Lorsqu'il grimpe au mur de la cathédrale on l'associe à nain bizarre qui grimpait, serpentait, rampait», le nain étant un personnage diabolique et vicieux de la littérature médiévale. [...]
[...] Quasimodo, au travers d'une chevauchée fantastique sur la cloche, semble s'accoupler véritablement avec celle-ci : Quasimodo avait donc quinze cloches dans son sérail mais la grosse Marie était la favorite la cloche monstrueuse hennissait toute haletante sous lui : c'était un rêve, un tourbillon, une tempête, un étrange centaure moitié homme, moitié cloche Quand la cathédrale s'anime Mais les cloches ne sont pas les seuls éléments fantastiques au sein de Notre-Dame. En effet la cathédrale elle-même est une entité fantastique. La vieille église fée comme la nomme un bohémien est une vieille reine qui, tout comme un être humain, est sujette au passage du temps. Rides et verrues à l'épiderme; c'est l'œuvre du temps. Voies de fait, brutalités, contusions, fractures ; c'est l'œuvre des révolutions depuis Luther jusqu'à Mirabeau. [...]
[...] Il devient également sujet à de très nombreuses hallucinations des fantaisies extraordinaires lui troublaient l'esprit Au livre IX, le chapitre 1 intitulé Fièvre est essentiellement axé autour de ces visions étranges concernant tour à tour la cathédrale : alors il lui sembla que l'église aussi s'ébranlait, remuait, s'animait vivait; que chaque grosse colonne devenait une patte énorme qui battait le sol de sa large spatule de pierre, et que la gigantesque cathédrale n'était plus qu'une sorte d'éléphant prodigieux la Esméralda : Elle était vêtue de blanc et avait un voile blanc sur la tête et la qualifie de spectre et également des draperies : l'archidiacre crut voir des mitres d'évêques damnés Enfin la phrase la fièvre ou la folie était arrivée à un tel degré d'intensité que le monde extérieur n'était plus pour l'infortuné qu'une sorte d'Apocalypse, visible, palpable, effrayante »Résume parfaitement l'état d'aliénation de Claude Frollo. La perte de toute humanité La folie est souvent dans la littérature fantastique l'ultime étape du parcours du personnage parce qu'elle l'une des formes les plus extrême de la perte d'identité. En effet Frollo perd peu à peu toute substance humaine. Homme de foi respectable au début du roman, il perd en humanité à mesure qu'il gagne en folie. De ce fait il s'apparente bien plus au spectre qu'à l'homme. [...]
[...] Quasimodo est soumis à un isolement social pour commencer : orphelin comme Nathanaël dans l'Homme au sable de Hoffmann il est par ailleurs coupé du reste de la société et vit reclus sur lui-même : il était trop loin de l'état de société et trop près de l'état de nature pour savoir ce que c'est que la honte Sa surdité est elle aussi un facteur d'isolement puisqu'elle l'empêche de communiquer. Il est également sujet à un isolement affectif : son atroce laideur le prive de tout contact humain à l'exception de Claude Frollo. [...]
[...] La sachette a un rire guttural un rire lugubre tandis que Frollo a un rire de diable : riant diaboliquement sur lui- même un rire de Satan un rire de démon, un rire qu'on ne peut avoir que lorsqu'on n'est plus homme, éclata sur le visage du prêtre Les deux personnages mourront par amour pour Esméralda. Sa mère en tentant de la protéger de l'échafaud se blessera à mort tandis que l'archidiacre succombera à sa chute du haut de Notre-Dame. [...]
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