Les Filles du feu paraissent le 28 février 1854, un an avant le suicide de Gérard de Nerval (1808-1855). Une grande partie a déjà été publiée dans des revues ou d'autres oeuvres de l'auteur, comme Les Petits châteaux de bohème. Seule une partie de la préface destinée à Alexandre Dumas et quelques poèmes des Chimères sont encore inédits.
Le sonnet désigné habituellement sous le titre "Delfica" s'inscrit lui aussi dans une impressionnante série de modifications. Tout d'abord sous le titre de "Vers dorés" dans L'artiste en 1845, puis "Daphné" dans Petits châteaux de bohême, 1852/1853, et enfin "Delfica" dans Les filles du feu en 1854. Le texte se place dans un décor gréco-romain et le narrateur semble annoncer le retour des anciens dieux. Dans un premier temps nous étudierons le motif de la prophétie présent dans le texte, puis nous nous attarderons sur l'aspect chimérique du sonnet et enfin nous montrerons comment l'auteur lui-même est présent à l'intérieur du poème. (...)
[...] Or, des citrons sont sensés être acides. En effet, ce n'est pas tant sur le sens concret du mot que Nerval porte son attention mais plutôt sur la connotation de celui-ci. Amer renvoie sans doute ici à la notion d'amertume. De plus, nous ne sommes pas sans savoir que le poème Delfica a de nombreuses concordances avec Octavie Notamment lorsqu'il est dit dans ce dernier : elle imprimait ses dents d'ivoire dans l'écorce d'un citron On peut y voir le douloureux souvenir d'une femme connue lors de son voyage en Italie. [...]
[...] Dans un premier temps nous étudierons le motif de la prophétie présent dans le texte, puis nous nous attarderons sur l'aspect chimérique du sonnet et enfin nous montrerons comment l'auteur lui-même est présent à l'intérieur du poème. * Le titre Delfica se joint à Dafné du vers 1. Les deux prénoms se répondent tout d'abord par la majuscule, puis par l'orthographe. En effet, nous noterons que Nerval modifie l'écriture de ces noms. Dafné s'écrit en réalité Daphné et Delfica est un nom italien et qui aurait pu être écrit en latin delphica ou en français delphique. De plus les deux noms se rejoignent par leur histoire. Daphné est une nymphe poursuivie par les ardeurs d'Apollon. [...]
[...] Nerval voyait dans les rêves un moyen de découverte. Découverte de soi même mais aussi d'une manière plus générale, de la réalité. On sent en effet ce va-et-vient entre individualité du poète et universalité du mythe. * En conclusion nous assistons à un véritable carnaval de toutes les philosophies et de tous les dieux. Le syncrétisme est omniprésent. La question religieuse, la question du sacré est importante pour l'auteur. Il va et vient d'une religion à l'autre dans ce poème et semble penché pour le paganisme. [...]
[...] Mais Nerval ne choisit par réellement entre christianisme et paganisme comme nous pouvons le constater à la lecture de tous les poèmes des Chimères. Il disait d'ailleurs lui-même qu'il préférait tout croire que ne rien croire. On ne peut pas dire que Nerval se confesse ou même décrit son passé, cependant on peut supposer il transpose sur le plan mythique les images intérieures qui le hantent. En effet, sa poésie nait de ses rêves, ou cauchemars. [...]
[...] L'image du dragon pourrait tout aussi bien nous renvoyer au serpent biblique et ainsi le citron se transformerait en pomme, ce qui ne serait pas sans logique puisque l'auteur faisait déjà le lien entre religion chrétienne et païenne avec les arbres. D'autre part, on nous dit que la Sybille porte un masque latin ce qui nous induit à penser que ce n'est pas son vrai visage et que part ce biais c'est une chimère au sens qu'elle n'est pas vraie. Enfin, dernière et principale chimère de ce sonnet : Delfica elle- même. En effet, elle est sortie de l'imaginaire. [...]
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